Forécariah : Pourquoi la route nationale N°4 mérite d’être baptisée Sa Majesté Almamy Maléguy Gbéli Touré ? (Par Alseny Farenta Camara)

Forécariah : Pourquoi la route nationale N°4 mérite d’être baptisée Sa Majesté Almamy Maléguy Gbéli Touré ? (Par Alseny Farenta Camara)

15 juin 2023 Non Par LA RÉDACTION

À la mort du roi Fodé Mourana Touré, une souche de deux familles rivales Yimbé-Sitafa (Yimbéa) et Fodé Mourana (Mouranéa) disputèrent la succession au trône de Moriah. Ces familles étaient celles de l’Alkhaly Maléguy et l’Alkhaly Bokary. Le candidat de Yimbéa étant alors un vieillard impotent désista en faveur du jeune Maléguy Gbéli, mais Bokary du parti Mouranéa prétendit également le trône. Mais, l’Alkhaly de Gbérika fut désigné par le Conseil des Sages comme le commandeur des croyants notamment Sa Majesté l’Almamy Maléguy Gbéli Touré, Roi de Moriah dont la capitale était à Forécariah. Il fut couronné en 1865 suite à la mort de son oncle le roi Fodé Mourana que d’autres appelèrent Fodé Wisé. Sa Majesté Maléguy Gbéli reçut à la fois le soutien du conseil des sages et de la majorité des habitants du Royaume. Il reçut également le grand soutien de Timbo notamment des Almamys Oumarou et Ibrahima Sory Dara 1er pour son accession au trône.

Pour fructifier les affaires commerciales et la sécurité de son pays, il signe le 22 novembre 1865 à Béreiré un traité de protectorat et de souveraineté avec Sa Majesté Napoléon III, Empereur des français, représenté par M. E. Pinet-Laprade, Gouverneur du Sénégal et dépendances. Ce traité stipulait dans son article premier : « l’Almamy du Forécariah, étant de fait, comme chef de la tribu des Touré, roi de tout le pays Moriah, comprenant la Mellacorée, le Tannah, le Béreiré et le Forécariah, déclare placer, lui et ses sujets, sous la suzeraineté et le protectorat de la France ». Malgré les désaccords du parti Mouranéa, il posa un acte significatif qui contribua à la Guinée d’aujourd’hui et celle des générations futures. Il fut assassiné en 1866 par son cousin Alkhaly Bokary qui réclamait également son droit de succéder à son père, Fodé Mourana. Bien que Sa Majesté l’Almamy Maléguy Gbéli régnât dans la paix et la tranquillité, il ne fit pas une année au trône et cela plongea le pays dans une profonde crise jusqu’en 1867 où Alkhaly Bokary fut couronné Roi, Almamy. Installé Roi, il accepta aussitôt de reconduire tous les engagements pris par son défunt cousin, Sa Majesté Maléguy Gbéli.

Outre ce rappel historique, du moins l’évocation d’un pan de la riche histoire de Sa Majesté Almamy Maléguy Gbéli, je dois attester qu’il fut l’un des précurseurs de la République de Guinée. Ce sont mes recherches à la Bibliothèque Nationale de France (BNF Gallica); aux Archives Nationales d’Outre-Mer (ANOM) et autres qui m’amènent à cette conclusion. Sans nul doute, notre jeune République ne date pas de 1958 mais bien au-delà. N’avons-nous pas appris d’Aimé Césaire qu’« un peuple sans mémoire est un peuple sans avenir ? »

Alors que les efforts sont en cours pour l’inauguration de la Route Nationale N°4 Coyah-Farmoriah-Pamelap prévue ce samedi 17 juin 2023, j’exhorte , en tant qu’acteur de la société civile, les autorités compétentes au plus haut niveau de bien vouloir à ce que cette nouvelle infrastructure (RN4) ; l’hôpital préfectoral et l’école primaire Madina de Forécariah ou l’une d’elles soient baptisées au nom de l’Almamy Maléguy Gbéli Touré afin de le réhabiliter dans la mémoire collective de la population guinéenne.