Foot : Just Fontaine, légende du football français, est mort à 89 ans
1 mars 2023Légende du football français, Just Fontaine s’est éteint à l’âge de 89 ans, a indiqué la famille à l’AFP, mercredi 1er mars. Son record de 13 buts dans la seule Coupe du monde qu’il a disputée, en 1958, semble quant à lui éternel. Et dire que « Justo » a dû arrêter sa carrière dès 29 ans, après deux fractures de la jambe gauche en six mois, mais sans regret. Toujours souriant et affable, il est entré au panthéon du sport français.
Just Fontaine, c’était l’histoire de sourires. Le sien, d’abord, qui ne quittait que rarement son visage. Mais aussi ceux de ses interlocuteurs, dont il parvenait toujours à égayer les traits par une anecdote, un bon mot ou une saillie bien sentie. Attaquant iconique du grand Reims des années 50, « Justo », comme beaucoup le surnommaient, était bien plus qu’une ancienne gloire du ballon rond. Acteur majeur des Bleus de 1958, troisièmes du mondial suédois, puis sélectionneur éphémère avant des passages au PSG et au Maroc, l’ancien buteur est resté un observateur éclairé du ballon rond jusqu’au bout, et son dernier départ.
Du Maroc à la Suède, via Nice et Reims
Le destin de Just Fontaine trouve ses racines dans son Maroc natal – alors sous protectorat français – où il voit le jour à l’été 1933. Né d’un père francophone et d’une mère espagnole, il grandit au sein d’une fratrie de sept frères et sœurs. Très vite, Fontaine découvre les plaisirs du ballon rond. Après un début de carrière en numéro dix, il passe avant-centre, et son pied droit commence à faire des ravages sous les couleurs de l’US Marocaine de Casablanca. De 1950 à 1953, il y inscrit 62 buts en 48 matchs.
« J’étais rapide, mais pas le plus rapide. J’étais bon de la tête, mais pas le meilleur. Je tapais des deux pieds, mais je n’étais pas le meilleur. J’avais un ensemble de qualités », résumait humblement « Justo ». De quoi attirer les regards des clubs majeurs de première Division française. Champion de France en 1951 et 1952, l’OGC Nice rafle la mise. Chez les Aiglons, Fontaine prend son envol. Bilan : un doublé en 1956, avec un titre de champion de France et une coupe de France. Et « Justo » n’y est pas pour rien. Il a inscrit 52 buts en 83 matches. Une performance d’autant plus notable qu’il effectue en parallèle son service militaire au bataillon de Joinville, où se retrouvent les sportifs professionnels.
Au passage, Fontaine enfile même le brassard de capitaine de la sélection militaire, après quelques matchs de rugby à XIII. Mais il rompt le rang avant le sacre des Bleus au Mondial des Armées, en 1956. Ce n’est que partie remise : Just brillera au vrai Mondial, deux ans plus tard. En attendant, ses performances suscitent la convoitise du géant de l’époque, le grand rival de l’OGC Nice des années 50, le Stade de Reims.
Finaliste malheureux de la première coupe d’Europe face au Real Madrid (3-4), le club champenois cherche un remplaçant à Raymond Kopa, parti au Real Madrid. Reims va trouver juste ce qu’il lui faut à Nice : Fontaine. Dans l’armada rémoise, « Justo » devient un canonnier redoutable. En 152 matchs, il inscrit 152 buts. Entre 1956 et 1962, il remporte trois championnats ainsi qu’une deuxième coupe de France avec les Rouge et Blanc, et dispute la finale de Coupe d’Europe 1959, une nouvelle fois perdue contre le Real (0-2).
L’éternel record en Coupe du monde
Ce jour-là, Raymond Kopa porte les couleurs madrilènes pour la dernière fois, avant de venir retrouver Fontaine à Reims la saison suivante. « Retrouver », car les deux hommes ont déjà évolué ensemble. C’était l’été précédent, en 1958, lors d’une Coupe du monde qui a vu la France éblouir le monde du ballon rond, et terminer troisième. Si Kopa a été élu Ballon d’Or et meilleur joueur du tournoi, c’est bien Just Fontaine qui a marqué l’histoire lors de cet été suédois.
En seulement six matchs au Mondial, « Justo » inscrit pas moins de 13 buts. Un record absolu sur une seule édition. Jamais battu depuis, et sans doute jamais tout court. Avec le maillot bleu, Fontaine inscrit 30 buts en 21 rencontres. Qui sait jusqu’où seraient allés ces chiffres sans les blessures à répétition du goleador français ? Après deux fractures de la jambe gauche, « Justo » raccroche les crampons en 1967, à seulement 29 ans. « J’aurai préféré échanger mon record contre quelques années de plus au haut niveau », reconnaît-il des années plus tard dans un entretien accordé à L’Equipe. Pas abattu, Fontaine embrasse alors une courte carrière d’entraîneur, après être sorti major de sa promo.
En 1967, « Justo » s’offre un nouveau record avec les Bleus en étant sélectionneur pour deux petits matchs. Il rebondit six ans plus tard au PSG, qu’il conduit en première Division (l’ancêtre de la Ligue 1). « Je suis le seul entraîneur à avoir fait monter le PSG en D1, puisqu’il n’est jamais descendu depuis », aimait-il rappeler. Entre 1979 et 1981, Fontaine prend la tête de la jeune sélection marocaine, pour rendre à ce pays ce qu’il lui avait donné : « Sans le Maroc, je ne serais pas devenu Just Fontaine ». En 1980, les Lions de l’Atlas terminent troisièmes de la Coupe d’Afrique des Nations, sans leur entraîneur, victime d’un accident de voiture.
Après cette carrière d’entraîneur en demi-teinte, Just Fontaine s’éloigne du monde du football, tout en gardant un œil avisé sur l’actualité du ballon rond. Parmi les anecdotes qu’il aimait bien raconter, il y avait cette prophétie : « En l’an 4000, il y a toujours des égyptologues qui cherchent des momies. Et là ils en trouvent une, elle bouge ! Et quand ils lui enlèvent les bandelettes, elle demande ‘Pardon messieurs, Just Fontaine est-il toujours recordman des buts marqués en Coupe du monde ?’ « .