Environnement : l’humanité est en train d’épuiser « goutte après goutte » l’eau, s’alarme l’ONU

Environnement : l’humanité est en train d’épuiser « goutte après goutte » l’eau, s’alarme l’ONU

22 mars 2023 Non Par LA RÉDACTION

 

Près de 6 500 participants, dont une centaine de ministres et une douzaine de chefs d’Etat et de gouvernement, sont réunis de mercredi à vendredi pour une conférence des Nations Unies sur l’eau.

 

Le lac de Serre-Ponçon (Hautes-Alpes), un des plus grand barrage d'Europe, a un niveau d'eau de 21,77 m en-dessous de sa cote optimale de remplissage, le 4 mars 2023. (THIBAUT DURAND / HANS LUCAS / AFP)

« L’humanité s’est engagée aveuglément sur un chemin périlleux. » Le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres a tiré la sonnette d’alarme avant le début mercredi 22 mars à New York d’une conférence des Nations Unies sur l’eau. Elle va tenter de répondre aux besoins de milliards de personnes, en danger face à une crise mondiale de l’eau « imminente », selon le rapport de l’ONU-Eau et de l’Unesco publié mardi 21 mars.

« Une surconsommation et un surdéveloppement vampiriques, une exploitation non durable des ressources en eau, la pollution et le réchauffement climatique incontrôlé sont en train d’épuiser, goutte après goutte, cette source de vie de l’humanité. »

Antonio Guterres, secrétaire général de l’ONU

en conférence de presse

Pour tenter d’inverser la tendance et espérer garantir, d’ici à 2030, l’accès pour tous à de l’eau potable ou à des toilettes, objectifs fixés en 2015, quelque 6 500 participants, dont une centaine de ministres et une douzaine de chefs d’Etat et de gouvernement se réunissent jusqu’à vendredi.

20 à 25% de la population mondiale pourrait manquer d’eau potable

Des situations dramatiques (manque d’eau, surplus, inondations, eau contaminée) sont légion dans de nombreux endroits de la planète. Et « nous en subissons tous les conséquences », assure Antonio Guterres. « Combien de personnes seront touchées par cette crise mondiale de l’eau est une question de scénario », explique à l’AFP l’auteur principal du rapport, Richard Connor. « Si rien n’est fait, entre 40 et 50% de la population continuera à ne pas avoir accès à des services d’assainissement et environ 20-25% à de l’eau potable », note-t-il. Et même si les pourcentages ne changent pas, la population mondiale grossit et le nombre de personnes touchées avec.

Dans un monde où, lors des 40 dernières années, l’utilisation de l’eau douce a augmenté de près de 1% par an, le rapport de l’ONU-Eau met en premier lieu en avant les pénuries d’eau qui « tendent à se généraliser », et à s’aggraver avec l’impact du réchauffement. Ainsi, environ 10% de la population mondiale vit dans un pays où le stress hydrique atteint un niveau élevé ou critique. Et selon le rapport des experts climat de l’ONU (Giec) publié lundi, « environ la moitié de la population mondiale » subit de « graves » pénuries d’eau pendant au moins une partie de l’année.

Deux milliards de personnes boivent de l’eau contaminée

Le problème n’est pas seulement le manque d’eau, mais la contamination de celle qui peut être disponible, en raison de l’absence ou de carences des systèmes d’assainissement. Au moins deux milliards de personnes boivent de l’eau contaminée par des excréments, les exposant au choléra, la dysenterie, la typhoïde et à la polio. Sans oublier les pollutions par les produits pharmaceutiques, chimiques, pesticides, microplastiques ou nanomatériaux.

La situation met aussi en lumière les inégalités. « Où que vous soyez, si vous êtes assez riches, vous arriverez à avoir de l’eau, note Richard Connor, plus vous êtes pauvres, plus vous êtes vulnérables à ces crises »« Nous avons brisé le cycle de l’eau », résume à l’AFP Henk Ovink, envoyé spécial pour l’eau des Pays-Bas. « Nous devons agir maintenant parce que l’insécurité liée à l’eau sape la sécurité alimentaire, la santé, la sécurité énergétique ou le développement urbain et les problèmes sociaux », a-t-il ajouté. « C’est maintenant ou jamais, l’opportunité d’une génération. »