En Guinée, opération sauvetage pour la maison de Miriam Makeba
31 mars 2023
Érigée au sommet d’une colline du Fouta Djalon, la villa de Miriam Makeba domine Dalaba. Un collectif voudrait aujourd’hui sauver l’héritage de la chanteuse sud-africaine à Dalaba. La villa pourrait être rénovée.
« Ce tableau a été offert à Sekou Touré qui l’a offert à Myriam Makeba ». Très attentif aux explications de son guide, l’ambassadeur d’Afrique du Sud, Lekoa Solly Mollo, découvre, avec émotion, la maison de Miriam Makeba, construite sur le modèle de la case traditionnelle. « C’est un sentiment partagé à cause de l’état de ce bâtiment. Si l’on considère l’icône, l’héroïne qu’elle a été, l’importance de sa contribution pour l’humanité, que l’on voit à quel point on a été négligent et on l’a vite oubliée, tout cela nous donne un sentiment de culpabilité », confie-t-il.
C’est ici que la chanteuse sud-africaine avait choisi de résider durant son exil en Guinée, entre 1969 et 1985. À l’époque, son activisme politique dérangeait en Occident. Engagée contre le racisme et l’apartheid, elle avait trouvé refuge au pays de Sékou Touré, ce compagnon de la révolution.
La villa a été presque abandonnée depuis la mort de la chanteuse en 2008. Seuls les habitants se sont occupés de l’endroit, avec leurs moyens limités. Le 31 décembre était organisée une visite avec les autorités locales. « Je me sens vraiment triste. Mais je me sens aussi nostalgique et reconnecté à elle ici », explique Lekoa Solly Mollo. Un magnétisme puissant se dégage de ce lieu où les meubles tombent en poussière, grignotés par les termites, mais où rien n’a réellement changé.
« Voir ce bijou valorisé »
Un collectif vient d’être créé pour rénover la villa. « C’est un grand collectif, c’est vraiment un grand ensemble, ce sont les habitants de Dalaba, c’est l’ambassade de l’Afrique du Sud, c’est la fondation Miriam Makeba. Il y a un intérêt à voir ce bijou valorisé, il y a vraiment un intérêt patrimonial et touristique », souligne Fadia Diallo qui est architecte. « Au sein du collectif d’architectes, on est sur les études de restauration. On estime que ce n’est pas si alarmant que ça l’état de dégradation de la structure, ça tient encore ! », estime Fadi Diallo.
À côté de lui, le gardien des lieux, Oumar Telli Diallo, 76 ans : « Elle était très sociable et à chaque fois qu’elle faisait des tournées à l’international, quand elle revenait, elle mobilisait tout le monde. Il y a même des gens des villages environnants qui venaient. Elle organisait des festins et parfois, elle revenait avec des présents. »
Rfi