En Guinée, des colloques pour familiariser les étudiants au panafricanisme et à son histoire
23 octobre 2023
« La semaine de l’intégration africaine » se déroule du 23 au 28 octobre 2023 à Conakry. Organisée par le Centre d’innovation et de recherche pour le développement (CIRD), cette série de discussions et d’échanges vise notamment à informer des jeunes sur ce que c’est le panafricanisme. Certains étudiants se montrent parfois hésitants par rapport à ce mouvement.
Une semaine de discussions, d’échanges autour d’idées très à la mode sur le continent : l’unité africaine et le panafricanisme. C’est à Conakry, en Guinée, du 23 au 28 octobre 2023. « La semaine de l’intégration africaine » est organisée par le Centre d’innovation et de recherche pour le développement (CIRD), à l’occasion des 60 ans de la création de l’Organisation de l’unité africaine (OUA), ancêtre de l’Union africaine. Des conférences sont prévues dans les universités de Conakry mais aussi un colloque, avec des chercheurs venus du monde entier.
L’un des publics ciblés par cet événement, ce sont les étudiants guinéens. Que pensent-ils aujourd’hui du panafricanisme ? À l’université Gamal Abdel Nasser de Conakry, les réactions sont contrastées. Dans le jardin de la faculté, des étudiants tuent le temps. Ici, le mot panafricanisme impressionne un peu. Aissatou, 18 ans, hésite même à accepter l’interview. « Je ne m’y connais pas très bien là-dessus, mais j’en entends parler de temps en temps », explique-t-elle. Elle arbore pourtant un bijou qui fait référence à l’unité africaine : ses boucles d’oreilles dessinent la carte de son continent. D’un coup plus inspirée, Aissatou se lance dans une définition du panafricanisme : « Ça peut être le côté culturel aussi. Parfois, on est en tenue traditionnelle parce que le monde actuel est un peu modernisé, mais on ne doit pas oublier d’où l’on vient, nos cultures, nos valeurs… »
Mamadou Adama, 28 ans, entend lui aussi parler de panafricanisme, mais sans vraiment s’y intéresser. « Je vois seulement des côtés néfastes par rapport au panafricanisme », glisse-t-il. Il cite le Franco-Béninois Kemi Seba. « Chaque fois, il se réclame panafricanisme, ça me semble – c’est un avis personnel – de rejeter les autres. »
Jean-Paul II, lui, est un panafricain convaincu. À 30 ans, il connaît les pères fondateurs de ce mouvement intellectuel, comme le Guinéen Diallo Telli, le premier Secrétaire général de l’OUA. « Quand on dit panafricanisme, pour moi ce n’est pas haïr les autres, on veut en fait parler de l’amour de l’Afrique. C’est là pour réconcilier les Africains. Parce qu’aujourd’hui, nous les Africains, nous sommes divisés », conclut-il.
Depuis l’étranger, il sera possible d’assister aux conférences et au colloque via l’application Zoom.
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Il s’agit avant tout de de célébrer un anniversaire important : les 60 ans de l’Organisation de l’unité africaine (OUA). La Guinée a joué un très, très grand rôle, que ce soit dans la création ou dans le fonctionnement. Sékou Touré fait partie des pères fondateurs de l’OUA. Le premier objectif, c’est de rappeler l’histoire de cette institution et ses défis, ses enjeux, le rôle important que la Guinée a joué. Le deuxième objectif, il est plutôt didactique : c’est d’informer aujourd’hui les jeunes générations, les étudiants, à travers un colloque international, sur ce que c’est le panafricanisme. Quel a été le rêve des pères fondateurs ? Est-ce que ce rêve, il a été réalisé ? Les jeunes sont nostalgiques, les jeunes Africains ont besoin de repères, ils se réfèrent souvent au passé, mais souvent c’est un passé qu’ils ne connaissent pas.
RFI