Le couperet est tombé. Donald Trump a mis sa menace à exécution en annonçant, mercredi 2 avril, des droits de douane très lourds, en particulier contre l’Asie et l’Union européenne. Devant les caméras, depuis la Maison Blanche, le président américain a brandi un grand carton noir strié de lignes indiquant les nouveaux tarifs douaniers qui s’appliqueront à chaque nation sur leurs exportations en direction des Etats-Unis. « Tout ce qu’ils font pour nous, nous le ferons pour eux. C’est réciproque, a argué le républicain. C’est le jour de la déclaration d’indépendance économique » des Etats-Unis.
Seuls quelques pays étaient inscrits sur le carton. La liste exhaustive des 185 territoires concernés a ensuite été publiée par la Maison Blanche sur le réseau social X(Nouvelle fenêtre). L’offensive de l’administration Trump s’articule ainsi : un droit de douane plancher de 10% sur toutes les importations (qui doit entrer en vigueur le 5 avril), ainsi que des surtaxes ciblées pour les pays jugés particulièrement hostiles en matière commerciale (à partir du 9 avril). Dans son décret(Nouvelle fenêtre), le président américain justifie son initiative par « un manque de réciprocité dans nos relations commerciales bilatérales ». Elle s’illustre, selon lui, par des « taux de droits de douane et des barrières non tarifaires disparates », comme des réglementations sanitaires, des normes environnementales ou des mesures fiscales telles que la TVA.
Les pays asiatiques durement touchés
Tous les pays ne seront donc pas logés à la même enseigne. Ceux d’Asie, en particulier, vont faire les frais de cette offensive commerciale : les taux ont été fixés à 24% pour le Japon, 26% pour l’Inde, 46% pour le Vietnam et même 49% pour le Cambodge. L’addition va être astronomique pour la Chine, dont les produits feront l’objet d’une nouvelle taxe à l’importation de 34%, s’ajoutant aux 20% de droits de douane additionnels déjà mis en place par Washington.
Les marchandises de l’Union européenne prendront, pour leur part, 20% de taxes. En réaction, l’UE est « prête à la guerre commerciale » et envisage dans sa riposte « d’attaquer les services numériques » américains, a assuré jeudi la porte-parole du gouvernement français, Sophie Primas.
Pour définir le taux du droit de douane par nation, Washington a d’abord calculé celui que chaque Etat impose aux Etats-Unis « en prenant en compte les manipulations monétaires et les barrières commerciales » pesant sur les services et produits américains – ce qui ne correspond donc pas purement au tarif moyen des droits de douane fixé par le partenaire commercial. Selon les données publiées par la Maison Blanche, l’UE, par exemple, imposerait des droits de douane aux Américains de 39%.
Des taxations incohérentes
Les analystes peinent tout de même à comprendre comment la Maison Blanche a calculé des taux parfois exorbitants et établi une liste en partie incongrue, sur laquelle on trouve des îles reculées appartenant à l’Australie, comme les îles Heard et MacDonald. Autre incohérence : les départements d’outre-mer ne sont pas traités de la même manière ni comme le reste de l’UE. Ainsi, la Guadeloupe, la Martinique, la Guyane et Mayotte verront leurs produits taxés à hauteur de 10% supplémentaires, alors que La Réunion, qui bénéficie pourtant du même statut légal, verra ses produits taxés à hauteur de 37%.
Certains pays échappent à de nouveaux tarifs douaniers, comme le Canada et le Mexique, couverts par un accord de libre-échange, et donc soumis à un régime spécifique. Ils sont néanmoins déjà soumis à des droits de douane sur certains produits et n’échappent pas aux 25% de taxes additionnelles sur les voitures fabriquées à l’étranger, entrées en vigueur jeudi matin.
D’autres Etats, comme la Biélorussie, Cuba, la Corée du Nord ou la Russie, ne sont pas non plus concernés, car ils font l’objet de sanctions américaines, ce qui bloque déjà tout commerce significatif, selon la Maison Blanche.
AFP