Des petits partis politiques réunis dans un collectif apportent leur soutien au CNRD
23 novembre 2022Déclaration
En dépit de ses énormes richesses minières, la fertilité de son sol et l’immense réservoir hydraulique avec des cours d’eau qui arrosent l’Afrique de l’Ouest, la Guinée peine toujours à intégrer le cercle des pays émergents, après plus d’un demi-siècle de souveraineté.
De 1958, date de son indépendance, à nos jours, malgré la succession des régimes, les guinéens continuent de réclamer le minimum de ce à quoi ils aspirent, mais en vain. Les raisons de cet échec sont connues, mais les dispositions à prendre sont confrontées à la volonté de se servir plutôt que de servir l’intérêt général. Cela aboutit sur la mauvaise gouvernance et ouvre des plaies comme la corruption, les détournements, les prévarications, l’affairisme et le clientélisme qui ont fini par gangrener notre société. La démocratie qui aurait pu permettre aux guinéens d’avoir le pouvoir de choisir leurs dirigeants pour mieux gérer le pays, a été bafouée.
Face à une telle situation qui ne favorise aucunement le développement, à fortiori la paix, il n’est pas étonnant que la Guinée ait enregistré à trois reprises l’irruption des forces armées dans la gestion de la chose publique.
Aujourd’hui, il ne s’agit pas de scander « plus jamais de coup d’Etat en Guinée », il s’agit plutôt de poser des actes en harmonie avec ce vœu. Il est certain que cela exige de la part de chaque guinéen la volonté de privilégier l’intérêt général au détriment de l’intérêt individuel.
Le Forum pour une Transition Apaisée, en abrégé FTA, depuis sa mise en place s’est inscrit dans la logique d’éviter un autre coup d’Etat en Guinée. C’est pourquoi le FTA s’est engagé à accompagner toutes les actions qui vont dans le sens de combattre la corruption, les détournements, les prévarications, les malversations, l’affairisme et le clientélisme dans la gestion de la chose publique.
Le FTA invite les autorités à respecter le principe de la séparation des pouvoirs, et comme cela a été promis aux guinéens, lors de la prise du pouvoir, le FTA demande que la justice reste une boussole pour tous.
Le FTA invite également les autorités à garantir la jouissance des libertés tant qu’elles ne portent pas atteinte à l’ordre public.
Le FTA constate avec un profond regret que certains partis politiques, à la conquête du pouvoir, posent comme conditions l’abandon des poursuites contre ceux qui sont en conflit avec la loi. Cette manœuvre dilatoire démontre ce que sera la justice s’il arrive que ces personnes accèdent au pouvoir. Cette manœuvre rappelle les compromissions politiques d’un passé récent qui ont inféodé la justice. Un paradoxe les caractérise : d’un côté ces partis dénoncent quotidiennement l’interférence de l’exécutif dans le judiciaire, de l’autre et contre tous, ils encouragent ce fait.
Le FTA remarque que ces partis politiques qui prétendent posséder l’électorat guinéen aujourd’hui et demain, sont dans l’incapacité de se passer de leurs gourous. Une autre attitude qui démontre que la démocratie en leur sein a cédé la place au culte de la personnalité et au providentialisme de l’homme. Ceci prouve que l’existence de ces partis politiques est étroitement liée à l’existence de leurs présidents, ce qui est contraire aux lois de la nature car, aucune existence humaine n’est éternelle. Les partis politiques, en tant qu’institutions, doivent survivre aux hommes qui les ont créés.
Le FTA réitère sa revendication à Monsieur le premier ministre, responsable du cadre de dialogue permanent inter-guinéen et aux facilitatrices afin qu’ils instaurent un dialogue inclusif, franc et sincère.
Le FTA demande également aux autorités qu’il soit mis en place un autre cadre qui se chargera du suivi-évaluation des conclusions du dialogue inter-guinéen.
Le FTA demande également à Monsieur le premier ministre que, le dialogue se fasse dans l’intérêt de tous les guinéens ; toute raison personnelle qui viserait à expliquer le refus d’y prendre part irait à l’encontre de l’intérêt de tous les guinéens. Entre les parties en crise, il peut arriver que l’une rejette l’initiative du dialogue par manque de confiance en l’autre. Il revient donc à celui qui porte l’initiative du dialogue de réunir les conditions idoines pour construire la confiance. Une des sagesses africaines nous enseigne que le dialogue n’est pas forcément la solution, mais une des pistes de solution à une crise.
Le FTA propose encore que le cadre veille à ce que les acquis de la transition soient préservés et que les réformes soient poursuivies même après la transition.
Le FTA préfère à cette étape de la transition un dialogue inclusif et préventif que d’avoir à organiser demain un dialogue inclusif et curatif. Partant du principe que, dans la résolution d’une crise, chaque protagoniste a la liberté et le droit de s’insurger contre ce qu’il juge insupportable,
Le FTA considère que toutes les revendications ont leur place autour de la table de dialogue inclusif, à condition que les revendications ne soient pas des exigences à satisfaire.
Le FTA alerte également que, les revendications érigées en préalable au dialogue peuvent se transformer en freins au dialogue.
Cependant, le FTA martèle que le rejet de toute initiative de dialogue n’est jamais la preuve qu’on a raison ou qu’on a tort mais plutôt qu’on a peur que l’issue du dialogue vous condamne d’avoir eu tort devant l’histoire. Pourtant, l’intérêt de la tenue d’un dialogue est mutuel et le bénéfice de ses retombées est réciproque. C’est pourquoi, les esprits avertis retiennent que c’est dans le dialogue que se trouve caché le remède des crises. Conscient des défis à relever pendant cette transition et dans le futurs,
le FTA invite aussi les autorités à asseoir les bases d’une gestion saine, à mettre en place des institutions qui résistent à la tentation des hommes et au temps.
Le FTA encourage l’élan pris par les autorités actuelles pour mettre fin à l’impunité qui a longtemps servi de tremplin à la gestion égoïste de la chose publique.
Par ailleurs, le FTA prend acte du délai de 24 mois proposé, en attendant la conférence des présidents de la CEDEAO.
Mme Sano Fatoumata, membre de l’APAV / FTA