Dansa Kourouma: «le président de la transition nous a demandés d’être au service du peuple guinéen»

Dansa Kourouma: «le président de la transition nous a demandés d’être au service du peuple guinéen»

4 février 2022 Non Par LA RÉDACTION

C’est ce samedi 5 février que les 81 membres du Conseil national de transition guinéen (CNT) entreront en fonction. Il s’agit d’un moment important de la transition ouverte par le coup d’État contre Alpha Condé le 5 septembre dernier. Cette assemblée censée représenter la diversité de la société guinéenne sera en effet amenée à se prononcer sur des points cruciaux de la transition, comme sa durée. Cette assemblée sera-t-elle aux ordres des militaires ? Pourra-t-elle jouer sa propre partition ? Dansa Kourouma, président du CNT, répond aux questions de Laurent Correau.

 

Mamadi Doumbouya, le président de la transition de Guinée.

C’est ce samedi 5 février que les 81 membres du Conseil national de transition guinéen (CNT) entreront en fonction. Il s’agit d’un moment important de la transition ouverte par le coup d’État contre Alpha Condé le 5 septembre dernier. Cette assemblée censée représenter la diversité de la société guinéenne sera en effet amenée à se prononcer sur des points cruciaux de la transition, comme sa durée. Cette assemblée sera-t-elle aux ordres des militaires ? Pourra-t-elle jouer sa propre partition ? Dansa Kourouma, président du CNT, répond aux questions de Laurent Correau.

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RFI: Votre institution, le Conseil national de transition démarre ses travaux ce samedi 5 février. Le CNT devra avant tout travailler à l’élaboration d’une nouvelle Constitution et proposer la date de la fin de la transition. Jusqu’à quel point le CNT sera-t-il indépendant de la junte ?

Dansa Kourouma : J’ai la ferme conviction que nous serons une institution indépendante qui sera au service des intérêts exclusifs du peuple guinéen. Les membres du CNT, pour la plupart et pour leur écrasante majorité, sont issus d’organisations qui ont pour valeur primordiale la préservation de leur indépendance et de leur impartialité dans la poursuite de leurs activités. Ceci est un appui important. Deuxième chose, le président de la transition, lors de notre prise de contact, nous a demandé d’être au service du peuple de Guinée, et non d’être au service d’individus ou d’un groupe d’individus, mais du peuple de Guinée. Cet engagement, nous l’avons pris et nous sommes prêts à l’assumer devant dieu et devant les hommes.

La composition du CNT fait tout de même polémique. On voit certaines forces politiques être sous représentées, alors que 9 militaires figurent dans les rangs du CNT. C’est énorme 9 militaires par rapport à la part laissée aux autres composantes de la société guinéenne ?

De tous les militaires qui sont dans le CNT, 80% sont des militaires à la retraite. Ceci est un atout parce que, après la vie militaire, il y a une vie civile. Ce sont des personnalités qui ont un très grand niveau intellectuel et, étant des militaires à la retraite, cela nous donne la possibilité de les compter parmi les civils.

Mais, est-ce que tout de même le fait que l’Alliance nationale pour l’alternance démocratique (Anad), donc la coalition qui rassemble l’ancienne opposition à Alpha Condé, n’ait qu’un seul siège au sein du CNT ne pose pas de problème pour l’équilibre des débats ?

Je vous rassure que nous ne nous considérons pas comme un Parlement politique. Quinze partis politiques représentent la classe politique au sein du CNT. Une fois qu’on sera installé, nous ferons tout ce qui est possible pour que les conseillers nationaux se considèrent comme représentants de la nation guinéenne, et non comme représentants d’entités politiques ou sociales.

Quel message souhaitez-vous faire passer à l’Alliance nationale pour l’alternance démocratique (Anad) qui demande à ces militants de rester vigilants sur le caractère juste et inclusif de la transition ?

L’Anad est tout à fait dans ses droits. D’ailleurs, si elle ne l’avait pas demandé, moi j’allais demander à toute la population guinéenne d’être vigilante, parce que la transition dont il est question, nous voulons que ça soit la toute dernière transition pour notre pays et que les institutions qui sortiront de cette transition puissent résister à la tentation des hommes et au temps, que ça soit des institutions fortes et résilientes. Mais en revanche, je voudrais que les acteurs politiques comprennent qu’il n’y a pas d’opposition, qu’il n’y a pas de mouvance. Nous avons une transition où tout le monde est au même pied d’égalité. Nous sommes des citoyens. Nous devons travailler ensemble.

Quel est votre calendrier ? Quand est-ce que les Guinéens peuvent attendre les recommandations du CNT sur la durée de la transition ?

Nous allons travailler là-dessus très rapidement, dès notre installation. Nous allons partir à l’intérieur du pays pour aller d’abord présenter les membres aux populations que nous sommes censés représenter et avoir des échanges avec ces populations.

Cela est la première étape de votre travail, cette tournée à l’intérieur le pays ?

Bien entendu. Elle se fera concomitamment avec l’élaboration du règlement intérieur du CNT, et j’espère qu’il sera validé dès notre retour à Conakry.

Donc, tout cela pourra intervenir dès la semaine prochaine ?

Dès la semaine prochaine, le plus tôt possible, les conseillers nationaux seront à l’intérieur du pays. Nous prendrons les dispositions logistiques qui s’imposent et une planification qui nous permettra de découvrir l’ensemble des communes du pays. Je ne peux pas mettre les charrues avant les bœufs, mais je vous assure que notre indépendance, notre impartialité, notre neutralité, ce sont des valeurs sacro-saintes pour lesquelles nous ne sommes pas prêts à négocier.