Une cinquantaine de femmes ont été enlevées les 12 et 13 janvier par des jihadistes présumés à Arbinda, dans le nord du Burkina Faso, ont indiqué dimanche à l’AFP des responsables et des habitants de cette localité régulièrement touchée par des violences.
Selon leurs témoignage, un premier groupe d’une quarantaine de femmes a été enlevé à une dizaine de kilomètres au sud-est de la ville et un autre d’une vingtaine le lendemain au nord de cette commune. Certaines ont pu s’échapper et regagner leur village pour témoigner, une cinquantaine ne sont pas revenues.
Ratissages vains de l’armée
« Les femmes se sont regroupées pour aller cueillir des feuilles et des fruits sauvages en brousse parce qu’il n’y a plus rien à manger », a expliqué un des habitants, précisant qu’elles étaient parties avec leurs charrettes dans la journée de jeudi. « Le jeudi soir, ne les voyant pas revenir, nous avons pensé que leurs charrettes avaient eu un problème. Mais trois rescapées sont revenues nous dire ce qui s’est passé », a ajouté un autre habitant.
Selon lui, le lendemain, à huit kilomètres au nord d’Arbinda, une vingtaine de femmes qui n’étaient pas informées du premier enlèvement, ont été à leur tour victimes d’un rapt. « Dans les deux groupes, des femmes ont réussi à échapper à la vigilance des terroristes et ont regagné le village à pieds, a-t-il expliqué. Nous pensons que les ravisseurs les ont emmenées dans leurs différentes bases. »
Selon des responsables locaux qui ont confirmé les enlèvements, l’armée et ses supplétifs civils ont effectué des ratissages de la zone, sans succès.
Blocus
La commune d’Arbinda se situe dans la région du Sahel, dans le nord du Burkina Faso, une zone sous blocus de groupes jihadistes et qui est difficilement ravitaillée en vivres. Ces approvisionnements sont cruciaux : dans de nombreuses parties du pays, la production agricole de denrées alimentaires est inexistante car les champs ne sont pas accessibles en raison de l’insécurité.
En novembre dernier, le porte-parole d’un groupement d’organisations de la société civile de la région, Idrissa Badini, s’alarmait de la situation à Arbinda. « La population qui a épuisé ses stocks de réserve se trouve au bord de la catastrophe humanitaire », expliquait-il.
Près d’un million de personnes vivent actuellement dans des zones sous blocus, dans le nord ou l’est du pays, selon les Nations unies. Arbinda et ses environs sont régulièrement le théâtre d’attaques jihadistes meurtrières qui visent notamment des civils. Deux d’entre elles ont été particulièrement sanglantes : en août 2021, 80 personnes (dont 65 civils) sont mortes dans l’attaque du convoi qui les menait à Arbinda et en décembre 2019, 42 personnes (dont 35 civils) avaient été tuées dans une attaque contre la ville.
(Avec AFP