Coran brûlé : nouvelle manifestation près de l’ambassade de Suède à Bagdad
1 juillet 2023Plusieurs milliers de manifestants se sont de nouveau rassemblés près de l’ambassade de Suède à Bagdad vendredi pour protester contre l’autodafé d’un Coran par un Irakien à Stockholm, un acte qui a soulevé l’indignation dans le monde musulman.
Lors d’une première manifestation jeudi, des partisans de l’influent clerc chiite Moqtada Sadr avaient brièvement pénétré dans la représentation suédoise à Bagdad, avant d’en ressortir dans le calme. Ils protestaient contre l’acte de Salwan Momika, un Irakien réfugié en Suède, qui a brûlé mercredi quelques pages d’un exemplaire du Coran devant la plus grande mosquée de Stockholm et pendant l’Aïd al-Adha, une fête célébrée par les musulmans à travers le monde. Cet événement avait été autorisé par la police suédoise au nom de la liberté d’expression.
Vendredi, toujours à l’appel de Moqtada Sadr, ils étaient plusieurs milliers à manifester sur une avenue de Bagdad proche de l’ambassade de Suède, selon un journaliste de l’AFP sur place. La rue de l’ambassade avait été fermée par des blocs de béton par les forces de l’ordre en prévision de la mobilisation. Les manifestants ont fustigé l’acte de Salwan Momika, mais aussi la décision de la Suède de l’y avoir autorisé.
Un cheikh religieux a lu sur une estrade une allocution écrite par Moqtada Sadr qui a estimé que «brûler le Coran est une incitation à la haine» contre des millions de musulmans et a dénoncé la politique du «deux poids deux mesures» de l’Occident et de «ceux qui réclament la démocratie et la liberté d’expression».«C’est une insulte au Saint Coran», a déclaré à l’AFP Nafia Wali Idriss, un fonctionnaire de 47 ans. «La liberté d’expression ne doit pas ouvrir la porte au sectarisme».
Drapeaux LGBT+
Des drapeaux arc-en-ciel, symbole de la communauté LGBT+, et des portraits de M. Momika pris pendant son acte de mercredi ont été piétinés, en réponse à l’appel de Moqtada Sadr qui y voit «la meilleure manière de provoquer» ceux qui soutiennent ou défendent le fait de brûler le Coran. «Non à l’homosexualité! Oui au Coran!», ont scandé les manifestants qui ont ensuite brûlé les drapeaux arc-en-ciel.
À Bassora, grande ville du sud de l’Irak, une manifestation similaire de partisans de Moqtada Sadr a réuni quelques centaines de personnes, selon un photographe de l’AFP.
Le gouvernement irakien, dont Moqtada Sadr ne fait pas partie, a fermement condamné l’acte de Salwan Momika et réclamé son extradition vers l’Irak pour qu’il soit jugé. L’ambassadrice de Suède à Bagdad Jessica Svärdström a été convoquée par le ministère des Affaires étrangères jeudi soir pour «l’informer de la vive protestation» de l’Irak concernant l’autorisation donnée par son pays à des «extrémistes» de brûler le Coran. Interrogé vendredi avant la manifestation, Hakim al-Zamili, un responsable du mouvement de Moqtada Sadr, a estimé que cette convocation «ne suffit pas».«Nous avons besoin de mesures plus concrètes», a-t-il dit.
En Iran voisin, quelques dizaines de manifestants ont protesté devant l’ambassade de Suède à Téhéran après la prière du vendredi, selon des journalistes de l’AFP. En Suède, le premier ministre Ulf Kristersson a pris ses distances vendredi avec l’autodafé, assurant qu’il n’y avait «pas de raison d’insulter d’autres gens». Salwan Momika a quant à lui déclaré qu’il comptait renouveler son geste devant l’ambassade d’Irak à Stockholm, dans les dix jours