Contraint, Joe Biden reprend la construction du mur à la frontière mexicaine

Contraint, Joe Biden reprend la construction du mur à la frontière mexicaine

7 octobre 2023 Non Par Doura

Le Congrès n’a pas souhaité allouer les fonds dédiés au mur à d’autres dossiers. Joe Biden est donc contraint de reprendre la construction du mur voulu par Donald Trump.

Le mur voulu par Donald Trump entre les États-Unis et le Mexique va continuer de se construire. Jeudi 5 octobre, Joe Biden a indiqué qu’il était légalement contraint de poursuivre sa construction. Le démocrate, accusé par la droite de laxisme face aux arrivées de migrants, voulait allouer les fonds prévus à la mesure phare de son prédécesseur à d’autres mesures, mais n’a pas eu l’autorisation du Congrès. Il a avoué qu’il ne « pouvait pas interrompre » ce financement.

Une nouvelle portion du mur serait érigée dans la vallée du Rio Grande, à la frontière avec le Mexique, a indiqué Alejandro Mayorkas, le ministre de la Sécurité intérieure. « Il existe actuellement un besoin aigu et immédiat de construire des barrières physiques […] afin d’empêcher les entrées illégales », a-t-il déclaré dans un avis officiel publié par le registre fédéral des États-Unis.

Le mur n’est pas la solution pour Joe Biden

Cette annonce a valu à Joe Biden d’être accusé de volte-face. Lorsqu’il a pris ses fonctions, en janvier 2021, le président américain avait promis que le contribuable ne payerait pas plus pour la construction de ce mur. Alejandro Mayorkas est alors venu en soutien, arguant que des passages de l’avis officiel avaient été « sortis de leur contexte », et a affirmé qu’il « n’y a pas de nouvelle politique concernant le mur à la frontière ». « Nous avons toujours dit clairement qu’un mur n’était pas une solution. »

« L’argent était prévu pour le mur frontalier. J’ai essayé de convaincre [les républicains au Congrès] d’allouer les fonds à autre chose, de les rediriger. Ils n’ont pas voulu », s’est défendu Joe Biden. « En attendant, il n’est pas possible légalement d’utiliser cet argent pour autre chose que ce pour quoi il a été prévu », a-t-il poursuivi, tentant de justifier une décision vivement critiquée par certains élus de son parti, en particulier dans l’aile gauche. Mais il a répété qu’il ne croyait pas que le mur soit une solution.

« Nous appliquons la loi », a martelé, de son côté, Karine Jean-Pierre, sa porte-parole.

Les fonds alloués au mur sous Donald Trump

Cette annonce a fait réagir Andrés Manuel Lopez Obrador, le président mexicain. Alors qu’il rencontre le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, jeudi, il a jugé qu’il s’agissait d’un « pas en arrière ».

Donald Trump, rival de Joe Biden et favori de la droite pour la prochaine présidentielle, a, lui, saisi l’opportunité de mettre en avant sa politique. Cette annonce montre que « j’avais raison quand j’ai construit 900 kilomètres […] d’un mur frontalier tout beau, tout neuf », a-t-il écrit sur sa plateforme Truth Social.

Les fonds pour la construction du mur proviennent d’une dotation approuvée par le Congrès dans ce but précis en 2019, quand Donald Trump était au pouvoir.

Les républicains ont fait de l’immigration l’un de leurs angles d’attaque favoris contre la Maison-Blanche. L’aile droite du parti s’oppose par exemple au déblocage de fonds supplémentaires pour l’Ukraine, estimant que cet argent devrait plutôt servir à lutter contre la crise migratoire. Le sénateur conservateur Lindsey Graham a demandé de lier les deux sujets, et ce, alors que le Congrès américain doit voter sur un nouveau budget, et donc sur une éventuelle rallonge pour l’Ukraine, avant le 17 novembre, sous peine d’une paralysie de l’État fédéral.

La Maison-Blanche s’est défendue d’utiliser la construction du mur pour marchander le soutien des parlementaires républicains à un nouvel effort financier en faveur des Ukrainiens : « Je ne ferai pas le lien entre les deux », a dit Karine Jean-Pierre.

Relance des expulsions directes vers le Venezuela

Dans le même temps, la Maison-Blanche a indiqué reprendre les vols directs d’expulsion vers le Venezuela pour les immigrés arrivés de manière irrégulière. Cette liaison avait été interrompue depuis des années en raison de la situation sécuritaire très dégradée dans ce pays. Les expulsions directes par avion vont ainsi reprendre dans les prochains jours.

Le département d’État a précisé que les autorités de Caracas avaient accepté de recevoir leurs ressortissants ainsi renvoyés.

« Nous avons déjà identifié des individus que nous détenons et qui seront rapidement expulsés ces prochains jours », car ne remplissant pas les conditions pour séjourner légalement aux États-Unis, a dit un haut responsable américain, qui n’a pas voulu être identifié, lors d’un entretien avec la presse. Cette décision « montre que nous sommes décidés à ce que les personnes qui traversent de manière illégale notre frontière en subissent les conséquences », sans préciser quand le premier avion partira et sans donner d’indications sur le nombre de personnes concernées.

Le gouvernement vénézuélien a indiqué, dans un communiqué, que les deux pays avaient « conclu un accord permettant de rapatrier de manière organisée, sûre et légale des citoyens vénézuéliens depuis les États-Unis ». Les Vénézuéliens sont l’une des nationalités les plus représentées parmi les migrants qui arrivent régulièrement à la frontière sud des États-Unis.

 

Cette reprise des expulsions directes vise des Vénézuéliens entrés sur le territoire américain après le 31 juillet. Pour ceux qui se trouvaient sur le sol américain avant cette date, Washington avait récemment annoncé l’octroi de 500 000 permis temporaires de séjour. Selon l’ONU, plus de 7 millions de personnes ont fui le Venezuela depuis l’effondrement de son économie.

AFP