L’annonce de la fermeture de l’espace aérien donne aux compagnies aériennes de véritables sueurs froides, au point que beaucoup ont dû réagir en urgence en annulant ou en détournant certains de leurs vols. Première concernée, Air France, qui reste le principal opérateur entre l’Europe et l’Afrique avec 33 destinations et plus de trois millions de passagers par an, hors Afrique du Nord. Air France qui suspend non seulement ses vols vers Niamey au Niger jusqu’à nouvel ordre, mais aussi vers Bamako au Mali et Ouagadougou au Burkina Faso, et ce jusqu’au 11 août prochain. Le Mali et le Burkina Faso, deux pays là aussi en délicatesse avec la France et qui soutiennent les putschistes nigériens.
D’autres compagnies aériennes touchées
La plupart de celles qui assurent des liaisons entre l’Europe et l’Afrique sont touchées comme British Airways ou Virgin Atlantic. Le spectre est très large puisqu’il concerne aussi l’Afrique du Sud et même l’Océan Indien avec des destinations comme Île Maurice. Conséquence de la fermeture de l’espace aérien du Niger certains vols desservant Nairobi ou Johannesburg ont dû faire escale, et même rebrousser chemin, faute de kérosène. Mais cette interdiction du ciel nigérien n’est qu’un obstacle de plus au trafic aérien en Afrique, puisqu’elle s’ajoute à celle déjà ancienne de la Libye et du Soudan, des pays trop instables pour être survolés.
Sans compter les mises en garde américaines sur le Mali où sont stationnées des batteries de missiles antiaériens russes à longue portée, capables d’atteindre des avions jusqu’à 15 000 mètres d’altitude, dans un rayon de 36 km.
Au total, c’est plus de la moitié de l’espace aérien du Sahel qui se retrouve interdit aux vols commerciaux, obligeant les compagnies à passer soit par la route de la mer Rouge plus à l’est, soit par celle de l’Afrique de l’Ouest et du Maroc.
Des vols plus longs
La première des conséquences ce sont des temps de vol plus longs pour de nombreuses destinations. Air France évoque quinze minutes de plus pour les escales les moins touchées, mais jusqu’à deux heures supplémentaires pour les plus lointaines. Entre l’Europe et l’Afrique du Sud par exemple le détour pourrait dépasser les 1 000 km et même nécessiter une escale pour certains types d’avions.
Et qui dit plus de temps de vol, dit plus de kérosène consommé, et des coûts à la hausse que les compagnies ne pourront peut-être pas intégralement répercuter aux passagers. En attendant Air France se veut rassurante, les trois destinations suspendues – Niamey, Bamako et Ouagadougou – ne représentent qu’une quinzaine de vols par semaine, et l’essentiel de son programme de vols vers l’Afrique subsaharienne est maintenu