Ce que l’on sait de la mort du numéro 2 du Hamas, tué par une frappe attribuée à Israël dans la banlieue de Beyrouth

Ce que l’on sait de la mort du numéro 2 du Hamas, tué par une frappe attribuée à Israël dans la banlieue de Beyrouth

3 janvier 2024 Non Par Doura

Saleh al-Arouri, adjoint au chef du bureau politique du Hamas, au Caire (Egypte), le 12 octobre 2017. (IBRAHIM EZZAT / NURPHOTO / AFP)
Saleh al-Arouri, tué mardi au Liban avec d’autres cadres du Hamas, est le plus haut responsable du mouvement islamiste palestinien éliminé par l’Etat hébreu depuis le début du conflit il y a près de trois mois.

La mort du numéro deux du Hamas va-t-elle rebattre les cartes dans le conflit qui oppose depuis le 7 octobre Israël au mouvement islamiste palestinien ? Exilé au Liban depuis plusieurs années, Saleh al-Arouri a été tué mardi 2 janvier dans une frappe attribuée à l’armée israélienne dans la banlieue sud de Beyrouth, fief du Hezbollah, ont annoncé le mouvement islamiste palestinien et des responsables libanais. De quoi raviver les craintes d’une extension du conflit dans la région. Voici ce que l’on sait de la mort de ce dirigeant du Hamas et des possibles conséquences dans la guerre initiée il y a près de trois mois.

Une frappe dans la banlieue sud de Beyrouth

La frappe qui a tué Saleh al-Arouri près de Beyrouth, menée par deux drones selon les médias libanais, a visé le bureau du Hamas dans la banlieue sud de la capitale libanaise, fief du Hezbollah pro-iranien, selon des responsables sécuritaires libanais.

Dans la foulée, le chef politique du mouvement islamiste palestinien, Ismaïl Haniyeh, a dénoncé un « acte terroriste » et assuré que le Hamas ne serait « jamais vaincu ». Saleh al-Arouri n’est du reste pas la seule victime de cette frappe puisque deux chefs de la branche armée du Hamas (les brigades Ezzedine al-Qassam), Samir Fandi et Azzam al-Aqraa, ont également été tués, tout comme quatre autres cadres de l’organisation palestinienne : Mahmoud Zaki Chahine, Mohammad Bashasha, Mohammad al-Raïs et Ahmad Hammoud.

Un dirigeant en exil au Liban depuis plusieurs années

Saleh al-Arouri est le plus haut responsable du mouvement islamiste palestinien tué depuis le début de cette nouvelle guerre. Il a été élu en 2017 adjoint d’Ismaïl Haniyeh, devenant ainsi officiellement le numéro 2 du bureau politique du mouvement islamiste. Agé de 58 ans et né en Cisjordanie, il « serait le commanditaire de plusieurs opérations militaires menées contre l’Etat hébreu, notamment de la salve de roquettes tirée en avril 2023 à partir du Liban-Sud » et « l’un des principaux négociateurs du dossier de la libération des otages détenus par le Hamas », relève L’Orient-Le jour.

Le n°2 du Hamas avait passé près de vingt ans dans les prisons israéliennes avant d’être libéré en 2010, à la condition qu’il s’exile. Il se trouvait donc au Liban depuis plusieurs années. Sa maison, vide, a été détruite à l’explosif par l’armée israélienne en Cisjordanie occupée fin octobre, selon des témoins.

De vives tensions à la frontière israélo-libanaise

Depuis le début du conflit, la frontière entre Israël et le Liban était déjà le théâtre quasi-quotidien d’échanges de tirs entre l’armée israélienne et le Hezbollah, qui soutient le Hamas. Mais jamais une frappe n’avait touché les abords de la capitale libanaise depuis le 7 octobre. « Il s’agit de la première attaque dans le bastion du parti chiite au sud de la capitale », confirme L’Orient-Le jour.

Jamais non plus un dirigeant du Hamas aussi haut placé que Saleh al-Arouri n’avait été tué depuis le 7 octobre, même si l’armée israélienne a annoncé à plusieurs reprises qu’elle avait réussi à tuer des responsables du mouvement islamiste dans la bande de Gaza.

Des risques d’escalade importants et des négociations au point mort

Cette frappe a ravivé les craintes d’une extension du conflit opposant le Hamas et Israël dans la bande de Gaza. Le Hezbollah libanais a prévenu dès mardi soir que « l’assassinat de Saleh al-Arouri » était non seulement une « grave agression contre le Liban », mais aussi « un sérieux développement dans la guerre entre l’ennemi et l’axe de la résistance », expression désignant l’Iran et ses alliés régionaux hostiles à Israël. « Ce crime ne restera pas sans riposte ou impuni », a ajouté le Hezbollah. Ismaïl Haniyeh a lui dénoncé « une violation de la souveraineté du Liban » et une « expansion » de la guerre en cours.

De son côté, l’armée israélienne se dit prête à toute éventualité. « Les forces israéliennes sont dans un état de préparation très élevé dans toutes les arènes, en défense et en attaque. Nous sommes hautement préparés pour tout scénario. La chose la plus importante à dire ce [mardi] soir est que nous sommes concentrés et restons concentrés sur la lutte contre le Hamas », a déclaré le porte-parole de l’armée, Daniel Hagari.

En attendant, la mort de Saleh al-Arouri a suspendu les négociations entre Israël et le Hamas pour une nouvelle trêve et la libération d’otages, rapporte le média israélien Haaretz, qui cite des « sources diplomatiques arabes ». « Les pourparlers se concentrent désormais sur la prévention d’une escalade. »

Dans ce contexte, Emmanuel Macron a appelé mardi soir Israël à « éviter toute attitude escalatoire, notamment au Liban » lors d’un entretien téléphonique avec le ministre israélien Benny Gantz, membre du cabinet de guerre de Benyamin Nétanyahou. Lors de cet entretien, le chef de l’Etat a réitéré son appel à « œuvrer à un cessez-le-feu durable » entre Israël et le Hamas et a de nouveau fait part de « sa plus vive préoccupation face au très lourd bilan civil » dans la bande de Gaza, théâtre de raids aériens et de tirs d’artillerie continus depuis près de trois mois.

AFP