CAN 2024: grève et danger de mort en avion, le départ mouvementé de la Gambie
11 janvier 2024
« Nous aurions tous pu être morts », s’est ému Tom Saintfiet. Le sélectionneur de la Gambie s’est épanché dans les colonnes du journal belge Nieuwsblad après l’incident qui a touché l’avion à bord duquel avait embarqué sa sélection mercredi 10 janvier, à destination de la Côte d’Ivoire, pour y disputer la CAN 2024. L’appareil des Scorpions a cependant fait demi-tour en raison d’un problème technique, a annoncé la fédération nationale dans un communiqué. Un examen préliminaire a diagnostiqué une perte de pression et d’oxygène dans la cabine.
« Nous nous sommes tous endormis rapidement, a détaillé le sélectionneur.[…] Au bout de neuf minutes, le pilote a décidé de revenir car il n’y avait pas d’alimentation en oxygène. Certains joueurs ne se sont pas réveillés immédiatement après l’atterrissage. Nous avons failli être intoxiqués au monoxyde de carbone. Encore une demi-heure de vol et nous serions tous morts ».
Une belle frayeur pour les joueurs également. Saidy Janko, le défenseur des Young Boys de Berne, s’est révolté dans un message posté sur son compte Instagram : « Dès que nous sommes entrés dans le petit avion qui avait été loué, nous avons remarqué l’énorme chaleur qui nous faisait transpirer. La chaleur inhumaine, combinée au manque croissant d’oxygène, a provoqué de forts maux de tête et des étourdissements extrêmes. De plus, d’autres ont commencé à s’endormir profondément quelques minutes après le décollage ».
Six joueurs souffrent de migraines
Après quoi, la décision a été prise d’atterrir en urgence : « Une fois dans les airs, la situation s’est aggravée, ne laissant au pilote d’autre choix que d’effectuer un atterrissage d’urgence à l’aéroport de Banjul neuf minutes après le décollage, a relaté Saidy Janko. Sinon les conséquences auraient pu être bien pires ! Si nous avions été exposés plus longtemps à cette situation dans un avion sans oxygène… ».
D’après Tom Sainfiet, six joueurs souffraient encore de migraines dans les heures suivant l’incident, sans préciser lesquels. Et ce, alors même que ses hommes viennent de passer une trentaine d’heures dans l’avion pour revenir d’un stage en Arabie saoudite (27 décembre – 5 janvier) pour aller saluer le président Adama Barrow à Banjul avant de filer disputer la CAN, et ce avec de gros retards de vols qui les ont empêchés de participer à autant d’entraînements qu’ils l’auraient souhaité.
Une préparation également ponctuée par l’annulation du match amical contre le Maroc qui était prévu le 7 janvier, sans explication supplémentaire. Une situation d’autant moins optimale pour se conditionner avant la CAN que la dernière séance Stade de l’Indépendance à Bakau prévue avant le vol qui a manqué de tourner à la catastrophe a été… boycotté par les joueurs. Ils ont décidé une grève afin d’obtenir une prime de qualification, ont rapporté les médias locaux. Provoquant ainsi la colère des supporters venus les voir pour l’occasion, les lieux ont été le théâtre d’actes de vandalisme.
Finalement, la Gambie décolle jeudi
Le ministre gambien des Sports, Bakary Y. Badjie, a expliqué par la suite à des journalistes que les internationaux réclamaient une prime de 38 millions de dalasis (500 000 euros environ) pour l’ensemble du groupe, afin de récompenser leur qualification. Ils avaient aussi renoncé à une prime de qualification en échange de passeports diplomatiques, a-t-il ajouté. « Malheureusement, maintenant qu’ils ont le passeport diplomatique, ils veulent l’argent », a dit M. Badjie.
Finalement, la Gambie décollera ce jeudi après-midi à bord d’un Airbus A319 dépêché par la Côte d’Ivoire. Les Scorpions joueront leur premier match lundi 15 janvier contre le voisin sénégalais, champion en titre. Le Cameroun et la Guinée sont dans le même groupe C.
Rfi