Ces trois pays demandent au Conseil de sécurité de « prendre les mesures appropriées contre ces actions subversives » de l’Ukraine.
Signée par les ministres des Affaires étrangères des trois pays de l’Alliance des États du Sahel (AES), cette lettre adressée à l’ONU reprend les dénonciations de l’implication de l’Ukraine aux côtés des rebelles du Cadre stratégique permanent pour la défense de l’Azawad (CSP-DPA) lors de la bataille de Tinzaouatène, au nord-est du Mali, fin juillet.
En effet, le porte-parole du renseignement ukrainien Adrey Yusov avait déclaré dans une interview il y a trois semaines avoir fourni des informations contre les « criminels de guerre russes » dans ces combats. Et cela ne s’est pas limité aux et indépendantistes touaregs. Car même si le CSP-DPA annonce avoir agi seul, cette embuscade a également été revendiquée par le Groupe de soutien à l’islam et aux Musulmans (Jnim), affilié à al-Qaïda.
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Depuis plusieurs mois, les autorités maliennes qualifient le mouvement indépendantiste comme « terroriste ». C’est pourquoi elles qualifient les actions de l’Ukraine d’agression caractérisée et de soutien international en violation de la Charte des Nations unies.
Pour le Mali, le Burkina Faso et le Niger, « ces actions subversives » sont une violation de la souveraineté et de l’intégrité de ces trois pays et qui menacent « la sécurité du sahel et de l’Afrique, en général ».
Après la rupture des relations diplomatiques du Mali et du Niger avec l’Ukraine, cette dénonciation auprès de l’ONU est une nouvelle étape dans la dégradation des rapports entre ces pays.
Saisi, le Conseil de sécurité a, dans sa Charte, l’objectif de maintenir la paix et la sécurité à travers le monde. S’il peut s’autosaisir, il n’a pas le mandat de gérer les contentieux entre les États. Les pays de l’AES, pour que ces plaintes aboutissent, doivent les porter devant les juridictions internationales compétentes, selon un juriste spécialisé dans les relations internationales contacté par RFI.
Je ne pense pas que ça va aboutir à quoi que ce soit. Il s’agit d’une lettre, a fortiori publique, pour continuer à mettre le pression sur l’Ukraine. […] On n’est pas du tout dans le domaine judiciaire ou juridique.
Johann Soufi, avocat et spécialiste du droit pénal international