Burkina Faso : ce que l’on sait de l’attaque meurtrière de Mansila, près de la frontière nigérienne

Burkina Faso : ce que l’on sait de l’attaque meurtrière de Mansila, près de la frontière nigérienne

18 juin 2024 Non Par LA RÉDACTION

 

Une attaque jihadiste meurtrière a visé mardi 11 juin un détachement militaire dans la localité de Mansila, dans le nord-est du Burkina Faso, près de la frontière nigérienne. Le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM) a revendiqué l’assaut, affirmant avoir tué plus de 100 soldats, alors que des témoins font aussi état de nombreuses victimes civiles.

Une pluie de tirs à l’arme lourde et des morts par dizaines. Des jihadistes ont pris d’assaut un détachement militaire, mardi 11 juin, dans la localité de Mansila, dans le nord-est du Burkina Faso, près du Niger. Le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM), affilié à Al-Qaeda, a revendiqué l’attaque au cours de laquelle il affirme avoir tué 107 soldats, en avoir capturé sept autres et avoir saisi de nombreux équipements militaires.

Sur place, des témoins dénoncent des massacres de civils et des pillages. Les autorités n’ont, de leur côté, pas commenté ces évènements.

Pertes militaires et butin de guerre 

Obtenues par France 24, des vidéos filmées par le groupe terroriste dévoilent les détails de l’attaque. On y voit des dizaines d’hommes à motos, lourdement armés, se lancer à l’assaut de la caserne des forces de défense et de sécurité. Les assaillants sont équipés de mitrailleuses lourdes et « les tirs sont très nourris », commente Wassim Nasr, spécialiste des mouvements jihadistes chez France 24. « Ils portent un signe distinctif, un turban vert, pour qu’une fois dans la mêlée ils puissent se distinguer des soldats », souligne le journaliste.

Dans un communiqué publié le 16 juin, le groupe revendique un lourd bilan : 107 soldats tués, sept prisonniers militaires ainsi que la capture de nombreux équipements (trois véhicules, 142 kalachnikovs, 449 chargeurs, des roquettes, mortiers, obus, caisses de munition, ainsi qu’un drone). Un butin de guerre immortalisé en vidéo par le groupe terroriste.

« Ces attaques de casernes ont pour but de tuer des militaires, mais aussi et surtout de se ravitailler en armement, en munitions et en carburant », analyse Wassim Nasr.

« Vengeance » contre l’armée  

Dans son communiqué, le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans affirme avoir mené cette attaque « en vengeance des crimes commis par l’armée et les milices ». Une référence aux exactions des soldats burkinabè et de leurs supplétifs, les Volontaires de la Patrie (VDP), régulièrement documentées par des ONG internationales, et que les jihadistes ont eux même filmé à plusieurs reprises en arrivant sur les lieux après le passage des militaires.

Mi-mai, France 24 dévoilait les images de nouveaux massacres de civils perpétués par l’armée au sud de Dori, dans une région du nord-est, voisine de celle de Mansila.

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Le 25 avril dernier, Human Rights Watch avait dénoncé le massacre par l’armée de 223 civils, dont des femmes et des enfants, deux mois plus tôt dans deux villages du nord, Nondin et Soro, proches de la frontière avec le Mali. « Ces massacres, parmi les pires abus de l’armée au Burkina Faso depuis 2015, semblent faire partie d’une campagne militaire généralisée contre les civils accusés de collaborer avec les groupes armés islamistes », soulignait l’ONG dans son rapport.

Massacre de civils

Dans son communiqué, le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans se pose en défenseur des populations civiles face à une armée prédatrice. Pourtant, leur attaque ne s’est pas limitée au camp militaire : les jihadistes s’en sont également pris à la population locale.  

« À l’heure actuelle, alors que nous n’avons pas fini de pleurer nos morts, bon nombre de nos pères, mères, frères et sœurs sont portés disparus », a dénoncé l’association des élèves et étudiants de Mansila dans un communiqué publié le 15 juin sur Facebook. « Nous saluons la mémoire des victimes civiles et des forces de défense tombées sous le joug de la terreur et de la barbarie. Nous invitons les autorités compétentes à agir afin de retrouver les personnes disparues et restaurer la paix et la sécurité à Mansila et au Burkina. »

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Dans cette localité du nord, un témoin contacté par France 24 affirme que l’attaque des jihadistes s’est poursuivie dans la ville de Mansila, toute proche de la caserne. « Le détachement était composé de 150 soldats, la plupart sont morts. Après l’attaque, les jihadistes ont pillé des concessions [maisons, NDLR] avant de les brûler. Ils ont tué plusieurs dizaines de civils », déplore l’homme qui affirme avoir perdu un membre de sa famille au cours de ces raids.

« Incident de tir » à Ouagadougou

Si des témoins affirment que des forces armées burkinabè ont été aperçues sur place après l’attaque perpétrée par les terroristes du GSIM, les autorités du Burkina Faso n’ont pour l’heure donné aucune information sur les évènements de Mansila.

Mercredi, au lendemain de cette attaque, un obus est tombé dans la cour de la télévision publique, située près de la présidence, dans la capitale Ouagadougou. Un évènement, qualifié d' »incident de tir » par la télévision d’État burkinabè (RTB), qui a suscité de vives spéculations autour de la sécurité du chef du régime militaire au pouvoir, Ibrahim Traoré.

Vendredi, une vidéo du chef de l’État donnant son sang a été diffusée à la télévision publique. Deux jours plus tard, la présidence du Burkina Faso a posté un message souhaitant une bonne fête de l’Aïd aux musulmans du pays, accompagné d’une photo du capitaine Traoré en train de prier. Comme pour faire taire les rumeurs.

AFP