Brexit à l’africaine: la Cédéao ébranlée par le départ des pays sahéliens

Brexit à l’africaine: la Cédéao ébranlée par le départ des pays sahéliens

29 janvier 2024 Non Par LA RÉDACTION

La Cédéao a été fondée au lendemain des indépendances en 1975. Jusqu’à hier, elle englobait quinze pays aux profils très disparates. En termes de PIB, le bloc est largement dominé par le Nigeria : il pèse à lui tout seul 450 milliards d’euros de PIB. Les trois partants réunis, c’est seulement 50 milliards d’euros. Sans la paix et la stabilité politique, difficile de promouvoir plus d’intégration dans ce vaste espace de libre-échange. La Cédéao va donc effectuer de plus en plus d’opérations de sécurité. Au lendemain du coup d’État au Niger, elle envisage d’intervenir militairement pour restaurer le président Bazoum.

Les conséquences économiques de ce Brexit à l’africaine

L’économie de toute la région a déjà été affaiblie par les sanctions de la Cédéao contre le Niger et le Mali. Les Nigériens pâtissent de la fermeture des frontières, de la suspension des transactions financières et du gel des avoirs déposés dans d’autres États membres. Les ménages des autres pays de la Cédéao ont vu le prix des denrées importées du Sahel s’envoler, c’est le cas de l’oignon principalement expédié par le Niger. Les pays sahéliens fournissent aussi du bétail dans toute la région. Les tensions sur les prix alimentaires sont une des conséquences les plus redoutées par les experts. Ce divorce fera des perdants à travers toute la communauté, estime un économiste observateur du continent.

Les conditions du divorce

Dans les statuts de la Cédéao, une période d’une année est prévue pour négocier les termes du divorce. L’organisation sous-régionale s’est dit ouverte à la discussion. Cela prendra du temps et selon le résultat, l’effet sur l’économie sera plus ou moins négatif. L’une des questions les plus préoccupantes pour la population est celle du maintien ou pas du passeport qui permet aux 300 millions d’habitants de circuler librement. Sera-t-il retiré aux Sahéliens ? Le Nigérien Hamma Hamadou, consultant en finances, est convaincu que les effets négatifs seront atténués par les accords bilatéraux qui seront négociés entre voisins une fois le retrait officiellement acté, une nécessité d’après lui entre des pays frères qui échangent depuis la nuit des temps.

La Cédéao ébranlée par ces trois départs simultanés

Ce n’est pas le premier départ, la Mauritanie est partie en 2000 sans grande conséquence pour le bloc. Mais l’économie des trois partants d’aujourd’hui est beaucoup plus imbriquée dans celle de la région.

Et les trois pays pourraient aller plus loin dans la rupture. En quittant ensuite l’Union économique et monétaire ouest-africaine, et en renonçant donc au franc CFA, la monnaie des huit pays membres de l’UEMOA. Une décision « logique », selon Hamma Hamadou. Un avis partagé par plusieurs observateurs. Ce serait alors toute la structure de l’économie régionale qui serait ébranlée.

Rfi