On pourrait ajouter Tahirou Sarr pour Édouard Drumont. Quel rapport, direz-vous, entre la nouvelle figure controversée de la de la vie politique sénégalaise et l’auteur de La France Juive.
Dans un communiqué ridicule tant par le fond que par la forme, le Président du Mouvement National Sénégalais nous révèle – volontairement ou involontairement – que le journaliste, polémiste et homme politique français est sa véritable source d’inspiration. En lançant en conclusion de son texte inepte “Le Sénégal aux Sénégalais”, M. Sarr remet au goût du jour le slogan de La Libre Parole, journal fondé par M. Drumont : “La France aux Français”.
M. Drumont, une des figures tutélaires de l’extrême droite française, avait une obsession : les juifs. Pour M. Sarr, c’est visiblement la communauté guinéenne installée au Sénégal.
Comme celui d’Édouard Drumont en son temps, le discours Tahirou Sarr commence à avoir un réel écho et des Sénégalais y sont sensibles, ce qui constitue un véritable défi pour la démocratie et la liberté d’expression. Tout en comprenant et en partageant les indignations des organisations des droits de l’homme, et les craintes d’instances telles que le Conseil pour l’Observation des Règles d’Éthique et de Déontologie (CORED) et le Conseil National de Régulation de l’Audiovisuel (CNRA), je pense qu’il ne faut pas dresser de cordon sanitaire contre Tahirou Sarr et ses affidés. Ce serait un joli cadeau à leur offrir que de les censurer et de les diaboliser. Les succès des partis xénophobes dans le monde montrent que cette stratégie est contre productive.
Il faut débusquer les supercheries de M. Sarr par le combat des idées. Il faut surtout mener la bataille culturelle auprès de ces Sénégalais, souvent très jeunes, qui boivent comme du petit lait sa rhétorique.