Au programme des discussions entre l’héritier de Saint-Pierre et l’élu américain : la question climatique avant l’ouverture de la COP26 à Glasgow, la réponse face au coronavirus ou encore l’aide aux plus démunis. L’occasion surtout pour les deux hommes d’afficher le lien fort entre les États-Unis et le Saint-Siège après la tornade diplomatique de l’ère Trump.
« Pour l’Église catholique, cela a été un vrai traumatisme, une période très difficile et pleine d’imprévus », rappelle Massimo Faggioli, professeur de théologie à l’Université américaine Villanova*. Des désaccords demeurent encore. Les rapports avec la Chine, la question migratoire ou encore la politique unilatérale américaine à l’heure du retrait en Afghanistan marquent une forme de continuité avec l’ancienne administration, souligne le chercheur italien. « Mais aujourd’hui, la convergence est plus importante parce qu’il s’agit de récupérer le temps perdu et les dommages faits sous Trump », assure-t-il.
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Biden, fervent catholique
L’épineuse question de l’avortement ne devrait pas non plus s’inviter au menu des discussions, estiment de nombreux observateurs. Un sujet qui, outre-Atlantique, suscite pourtant de nombreuses critiques à l’encontre du 46e président américain. En effet, Biden, fervent catholique, s’est également affiché en défenseur du droit à l’avortement. Son administration s’est d’ailleurs lancée dans un bras de fer à la Cour suprême pour tenter de bloquer une loi texane restreignant drastiquement le recours à l’IVG. De quoi renforcer encore un peu plus l’hostilité à l’égard du président d’une partie importante des évêques américains (proche notamment du camp républicain et très critique également sur le pontificat de Jorge Mario Bergoglio) dans une Église états-unienne hautement clivée.
Hasard du calendrier, la rencontre entre Joe Biden et le pape François se tient d’ailleurs à quelques jours d’une importante conférence des évêques à Baltimore, où la frange la plus conservatrice réfléchirait à publier une déclaration visant à exclure de la communion les politiciens catholiques soutenant le droit à l’avortement. Mais sur ce dossier brûlant, le chef d’État américain sait qu’il peut compter sur le soutien, même feutré, du Vatican.
En effet, en septembre dernier, si le pape François rappelait son hostilité à l’avortement ? considéré comme « un meurtre » ?, le Saint-Père soulignait également ne jamais avoir « refusé l’Eucharistie à quiconque », invitant dans le même temps l’épiscopat américain à préférer le terrain « pastoral » au « politique ». « C’est un soutien à Biden le catholique, pas à Biden le président. Une manière de protéger sa vie de croyant sans être une bénédiction de sa politique » analyse Massimo Faggioli. Une prise de position, estime le théologien, « pour le bien et l’unité de l’Église américaine » menacée « par le sectarisme ».
*Auteur de Joe Biden, un catholique face à l’Amérique (Bayard)