Ce n’est pas une erreur d’hymne, obligeant l’organisation à s’y reprendre à deux fois, qui a perturbé sa découverte des Jeux olympiques. Le Soudan du Sud a réussi ses débuts, dimanche 28 juillet, en battant Porto Rico (90-79).
Cela fait office d’exploit pour la sélection la moins bien placée du tournoi au classement Fiba (33e). Car ce pays, d’une taille semblable à la France, n’est indépendant que depuis 2011, a vécu une guerre civile jusqu’en 2018 et traverse encore une situation politique difficile.
Tout était donc à construire également au niveau du basket, et la progression est fulgurante depuis son premier match officiel en 2017 : première participation au championnat d’Afrique en 2021, puis au Mondial en 2023, seule équipe africaine qualifiée aux Jeux de Paris, et donc une première victoire historique.
« Participer et décrocher notre première victoire, c’est irréel. Je n’aurais pas pu rêver meilleur début », s’est félicité le sélectionneur Royal Ivey. « Il n’y a rien de plus excitant que d’écrire l’histoire. Nous méritons ce qui nous arrive », poursuit l’ailier sud-soudanais Nuni Omot, passé par Roanne cet hiver.
Luol Deng, l’architecte de la réussite
Une trajectoire qui porte la patte d’un homme : Luol Deng. L’ancien ailier NBA (2004-2019) est né en 1985 dans ce qui était alors encore le Soudan. Il a grandi en Grande-Bretagne, dont il a défendu les couleurs aux JO de Londres 2012, mais a choisi, depuis sa retraite, de retrouver ses racines et d’aider au développement du basketball dans son pays d’origine.
En décembre 2019, il est devenu le président de la Fédération sud-soudanaise de basket, à qui il fait profiter son expérience et son réseau. « J’avais la conviction que nous avions le talent, que nous étions une des meilleures équipes en Afrique, que nous pouvions dominer le basket comme le Kenya et l’Ethiopie dominent en athlétisme, comme la Jamaïque le fait dans le sprint », expliquait celui qui est toujours entraîneur adjoint de la sélection.
Depuis, la sélection ne cesse de progresser dans son sillage, avec un mélange de joueurs passés par la NBA et de jeunes prometteurs, comme Khaman Maluach, qui culmine à 2,16 mètres à… 17 ans, et est déjà dans les petits papiers de la NBA. « Luol est un symbole. Sans lui, nous n’en serions pas là où nous en sommes aujourd’hui. Et nous allons continuer à avancer », raconte l’ailier-fort sud-soudanais Wenyen Gabriel, qui a joué deux ans avec LeBron James aux Lakers.
Le grand écart face à Team USA
Le défi sera colossal pour eux mercredi : les « Avengers » de Team USA, 16 fois champions olympiques et bien décidés à rafler l’or après la désillusion du dernier Mondial. L’écart d’expérience entre les deux sélections est immense. Pour preuve : LeBron James a une plus longue carrière en sélection (20 ans) que le Soudan du Sud n’a d’existence.
Si la défaite serait logique, les Sud-Soudanais n’ont rien d’une équipe vaincue d’avance : en préparation, ils n’ont été défaits que… d’un point face aux Américains. Signe qu’ils peuvent jouer les yeux dans les yeux avec toutes les équipes du tournoi. Même dans un groupe avec Américains et Serbes, les voir rallier les quarts de finale ne serait plus si farfelu.
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