Au Soudan, les combats meurtriers entrent dans leur troisième semaine
29 avril 2023Malgré une nouvelle trêve, les combats font toujours rage samedi au Soudan entre le chef de l’armée, le général Abdel-Fattah al-Burhane, et les Forces de soutien rapide (FSR) de Mohamed Hamdane Daglo, dit « Hemedti ». Le conflit, qui dure depuis le 15 avril, a fait plus de 500 morts selon des statistiques officielles.
Raids aériens et tirs nourris à Khartoum, des milliers de personnes évacuées du Soudan : les combats acharnés et meurtriers entre l’armée et les paramilitaires sont entrés samedi 29 avril dans leur troisième semaine, en violation d’une nouvelle trêve.
Le pays est plongé dans le chaos depuis le déclenchement, le 15 avril, d’une lutte de pouvoir sanglante entre le chef de l’armée, Abdel Fattah al-Burhane, et son numéro deux, Mohamed Hamdane Daglo, dit « Hemedti », à la tête des redoutées Forces de soutien rapide (FSR).
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Les combats ont fait au moins 512 morts et 4 193 blessés, selon des statistiques officielles. Des dizaines de milliers de Soudanais ont fui vers les États voisins, notamment l’Égypte, l’Éthiopie, le Tchad et le Soudan du Sud, tandis que des pays étrangers procèdent à des évacuations massives de leurs ressortissants.
« Le pays s’effondre »
Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a déploré la poursuite des combats au moment où « le pays s’effondre », a-t-il dit à la chaîne d’information saoudienne Al-Arabiya.
Chaque camp accuse l’autre de violer la trêve prolongée de trois jours sous médiation internationale. Celle-ci expire dimanche à minuit (22 h GMT).
Les civils tentent de fuir ou de survivre barricadés, sur fond de pénuries généralisées, notamment d’électricité, d’eau et de nourriture. « On s’est réveillés une fois de plus au bruit des avions de chasse et des armes antiaériennes », rapporte à l’AFP un habitant dans le sud de Khartoum. Un autre témoin raconte que les combats se poursuivent depuis l’aube, en particulier autour du siège de la chaîne de télévision publique à Omdourman, dans la banlieue nord de Khartoum.
Environ 70 % des hôpitaux dans les zones proches des combats sont hors service et beaucoup ont été bombardés, selon le syndicat des médecins.
Les évacuations se poursuivent
Vendredi, les deux généraux en guerre se sont écharpés par médias interposés. Sur la chaîne de télévision américaine arabophone Al-Hurra, le général al-Burhane a qualifié les FSR de « milice cherchant à détruire le Soudan » et affirmé que des « mercenaires » arrivaient du Tchad, de Centrafrique et du Niger. Le général Daglo a lui parlé sur la BBC de son rival comme d’un « traître » n’étant « pas digne de confiance ».
Les deux généraux avaient fait front commun, lors du putsch de 2021, pour évincer les civils avec lesquels ils partageaient le pouvoir depuis la chute du dictateur Omar el-Béchir en 2019. Mais des divergences sont ensuite apparues et le conflit entre les deux s’est intensifié quand ils ne sont pas parvenus à s’entendre sur l’intégration des FSR dans l’armée régulière, avant de se transformer en lutte armée le 15 avril.
Selon le Bureau des Nations unies pour la coordination des affaires humanitaires, quelque 75 000 personnes ont été déplacées en raison des combats, particulièrement violents dans la région instable du Darfour.
Et les évacuations se poursuivent. Samedi, un bateau transportant environ 1 900 évacués de différentes nationalités est arrivé à Jeddah, dans l’ouest de l’Arabie saoudite. Quelque 4 879 ressortissants saoudiens et de 96 autres pays ont été évacuées via l’Arabie saoudite, selon les autorités du riche État du Golfe.
Merhdad Malekzadh, qui a grandi au Soudan, fait partie des premiers Iraniens évacués samedi. À Jeddah, il a décrit à l’AFP des bombardements et des explosions au quotidien à Khartoum. « On n’aurait jamais imaginé que la situation se tendrait autant. »
Pillages, destructions et incendies au Darfour-Ouest
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Le Programme alimentaire mondial de l’ONU (PAM) estime que des millions de personnes supplémentaires pourraient être confrontées à la faim dans l’un des pays les plus pauvres au monde, où un tiers des 45 millions d’habitants avaient déjà besoin d’aide alimentaire avant cette guerre.
Pillages, destructions et incendies se multiplient au Darfour-Ouest, y compris dans des camps de déplacés, rapporte Médecins sans frontières (MSF). L’ONG a dû « arrêter la quasi-totalité de (ses) activités » dans cette région en raison des violences, regrette son chef adjoint au Soudan, Sylvain Perron, qui se dit « extrêmement inquiet ».
La région du Darfour reste marquée par un conflit sanglant déclenché en 2003 entre le régime du dictateur Omar el-Béchir, déchu en 2019, et des insurgés issus de minorités ethniques. Ce conflit a fait environ 300 000 morts et près de 2,5 millions de déplacés, selon l’ONU.
Avec AFP