Au Sénégal, l’opposition appelle à de nouvelles manifestations
7 juin 2023« La tension politique n’est pas dans une logique de baisse, relève Le Quotidien à Dakar. Le F24 compte (en effet) investir la rue. Cette plateforme, qui regroupe des partis politiques, des mouvements et acteurs de la Société civile coalisés contre une 3e candidature de Macky Sall, cette plateforme compte organiser deux manifestations. La première est prévue Place de la Nation, ce vendredi 9 juin, et la seconde, le lendemain, sur la VDN, la Voie de dégagement Nord. Selon Aliou Sané, le dirigeant de Y’en a Marre, ces deux manifestations sont une réponse à la récente sortie du directeur de la Sécurité publique, qui avait affirmé que les manifestants étaient « infiltrés par des hommes tapis dans l’ombre, qui utilisent des armes de guerre ». […] « La meilleure façon de déjouer cette communication est de lancer des manifestations massives, affirme-t-il. On appelle tout le monde à venir pour montrer à Macky que le Peuple ne veut pas d’une 3e candidature ». »
Par ailleurs, poursuit Le Quotidien, le mouvement F24 « a décliné sa solution pour une sortie de crise. Elle repose sur 3 points. Il s’agit d’une déclaration publique du président de la République annonçant ne pas vouloir se représenter en 2024, de la libération des manifestants arrêtés et de la libération de l’opposant Ousmane Sonko (toujours retenu à son domicile) ».
Ne pas casser le miroir !
Parallèlement, les appels au dialogue se multiplient. Le droit-de-l’hommiste Alioune Tine, cité par le site d’information Senego, affirme ainsi que « le Sénégal est un pays de dialogue et c’est par le dialogue constructif, dit-il, que les Aînés sont arrivés à faire de ce pays une référence, un miroir et un verrou de la démocratie. La confrontation, c’est trahir les Aînés, abolir la référence, casser le miroir et sauter le verrou. Si l’on veut un retour rapide de la paix, poursuit Alioune Tine, on doit respecter les normes de l’État de droit, des droits humains et des libertés fondamentales : autoriser les manifestations et manifester pacifiquement. Abolir immédiatement la violence d’État et la violence de la rue. Et restaurer les réseaux sociaux ».
La paix des braves ?
Appel au dialogue également sur le site Seneplus : « Macky et Sonko doivent bien se regarder dans le miroir et se poser la question suivante : souhaiterais-je que les historiens relient mon nom à la déliquescence de la République du Sénégal ? Il est temps, s’exclame Seneplus, que le duo Macky Sall-Ousmane Sonko revienne à la raison pour l’intérêt supérieur de la nation sénégalaise mais aussi pour les Africains pour qui le Sénégal est un exemple démocratique. […] Vous deux pouvez éviter au Sénégal une fin tragique en faisant la paix des braves. […] Président Sall, faites comprendre à vos compagnons qui craignent de perdre des privilèges que rien n’est éternel, surtout les avantages liés à l’accession au pouvoir dans une République démocratique. Ousmane Sonko, dites aux membres de Pastef et à vos sympathisants que sans une culture du respect de la chose publique et le rejet d’un recours quelconque à la violence, aucun parti ou coalition qui accédera au sommet de la pyramide politique de notre pays ne pourra bénéficier du climat de paix social sans lequel la prospérité économique est impossible. »
L’économie sénégalaise tient bon pour l’instant
Enfin, quel impact peuvent avoir ces tensions socio-politiques sur l’économie sénégalaise ? Les récents troubles ont paralysé temporairement l’économie dakaroise. Mais, relève Jeune Afrique, pas de quoi inquiéter encore l’agence de notation S&P, Standard and Poor’s, qui vient de « maintenir la note souveraine du Sénégal à B+/B, avec une perspective stable ».
Certes, pointe l’agence internationale, « les déficits budgétaires, associés à une inflation élevée (en moyenne à 9,7 %), ont entraîné une augmentation de la dette publique brute à environ 68 % du PIB en 2022, limitant la capacité du pays à absorber les chocs, mais la croissance économique devrait se maintenir à au moins 9 % en moyenne pour la période 2023-2024. Cette embellie serait justifiée par plusieurs facteurs, relève Jeune Afrique. D’abord, le démarrage de la production pétrolière et gazière au quatrième trimestre 2023 sur les champs de Grande Tortue Ahmeyim et de Sangomar et la construction d’un port en eau profonde près de la capitale, qui devrait démarrer ses activités en 2026-2027. Ensuite, grâce aux réformes du Plan Sénégal Emergent qui ont permis l’accélération de l’activité dans les secteurs des technologies de l’information et de l’informatique, des transports, de la construction, de l’énergie et des mines, avec une augmentation continue de la production d’or et de phosphate ».
Reste, souligne encore Jeune Afrique, que « le réel élément perturbateur demeure l’approche de la prochaine élection présidentielle de 2024. Et là, selon l’agence, tous les scénarios sont envisageables ».