Plus de vingt corps ont été récupérés mercredi sur une plage dans la région de Saint-Louis, au Sénégal, après le naufrage d’une pirogue en mer. Selon les témoignages des rescapés, près de 300 personnes avaient pris place à bord, et seule une vingtaine de Sénégalais ont été secourus.
Vingt-quatre corps ont été récupérés mercredi 28 février dans l’océan, au nord du Sénégal après le naufrage d’un bateau de migrants qui cherchaient à rejoindre l’Europe, a déclaré Alioune Badara Samb, le gouverneur de la région de Saint-Louis. Une vingtaine d’autres personnes ont été secourues, a-t-il ajouté.
On ne sait pas encore combien de passagers se trouvaient à bord de l’embarcation au moment du départ, la semaine dernière. Mais des témoignages de rescapés recueillis par un correspondant de l’AFP suggèrent qu’au moins 200 à 300 personnes avaient pris place à bord. Il y aurait donc de très nombreux portés disparus.
Un certain nombre d’occupants qui ont survécu se sont dispersés dans la foule sur la plage, ce qui complique toute comptabilité des victimes, a encore dit le gouverneur.
Un survivant, Mamady Dianfo, originaire de Casamance, au sud, à l’autre bout du pays, a raconté que le bateau avait dérivé et était arrivé au Maroc. Là, « le capitaine a dit qu’il était perdu et ne pouvait plus continuer le voyage. On lui a demandé de nous ramener au Sénégal », a-t-il raconté. Le drame est survenu à l’embouchure de Saint-Louis, notoirement dangereuse, a-t-il déclaré.
Selon le gouverneur, le bateau pourrait être parti de Joal-Fadiouth, à quelques centaines de kilomètres au sud de Dakar.
« Depuis l’après-midi (de mercredi), nous assistons à l’échouage de corps sans vie », a dit le gouverneur. Les recherches de survivants se sont poursuivies après la tombée de la nuit avec des moyens de la base locale de la Marine nationale.
Le Sénégal fait face depuis des mois à un flot de départs – presque quotidiens – à destination des Canaries, archipel espagnol et porte d’entrée de l’Europe, via la route maritime particulièrement mortifère de l’Atlantique.
Les Sénégalais fuient généralement une vie sans perspective. Comme d’autres États dans le monde, l’inflation, liée notamment à la guerre en Ukraine, plombe l’économie du Sénégal. Le prix des matières premières s’envole. Les ressources halieutiques sont accaparées par la pêche industrielle et la raréfaction des poissons s’aggrave avec le changement climatique. Or, au Sénégal, beaucoup de familles dépendent de la pêche.
Les candidats embarquent clandestinement sur des pirogues en bois qui peuvent atteindre une vingtaine de mètres et transporter des dizaines de passagers. Ils versent quelques centaines de milliers de francs CFA à un passeur et défient les dangers d’une traversée d’environ 1 500 kilomètres pour atteindre les Canaries au bout de sept ou dix jours de navigation.
Selon Frontex, l’agence de surveillance de frontières européennes, les migrants provenant du Sénégal sont avec ceux du Maroc, les plus nombreux à arriver aux Canaries. Le nombre d’exilés ayant débarqué en 2023 dans l’archipel espagnol a triplé en un an pour atteindre le chiffre record de quasi 40 000, selon le gouvernement espagnol.
Sur les plus de 6 600 migrants qui sont morts ou ont disparu en tentant de rejoindre l’Espagne en 2023, l’immense majorité ont péri sur la route atlantique, dit un récent rapport de l’ONG espagnole Caminando Fronteras.
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