Au Mali, le premier ministre assume un document critique à l’égard de la junte
18 novembre 2024Choguel Kokalla Maïga affirme cependant la nécessité de soutenir le chef de la junte, le colonel Assimi Goïta, et dénonce les tentatives de le dresser contre les militaires.
Le premier ministre installé par les militaires au Mali, Choguel Kokalla Maïga, a endossé le contenu d’un texte ouvertement critique envers la junte, qui vaut à l’un de ses proches d’être en prison.
M. Maïga affirme cependant la nécessité de soutenir le chef de la junte, le colonel Assimi Goïta, et dénonce les tentatives de le dresser contre les militaires, dans une vidéo diffusée sur la page Facebook de la chaîne de télé Joliba.
Un proche de M. Maïga, Boubacar Traoré, a été placé en détention le 28 mai après la publication d’un communiqué s’opposant fermement à un éventuel maintien des militaires au pouvoir pendant plusieurs années supplémentaires.
Le Mali, confronté au djihadisme et plongé depuis 2012 dans une grave crise multidimensionnelle, est dirigé par des colonels depuis un double putsch en 2020 et 2021. Choguel Kokalla Maïga a été nommé chef de gouvernement par les militaires à la suite du second coup d’Etat.
Le retour des civils renvoyé à un horizon inconnu
« Le mémorandum pour lequel [Boubacar Traoré] est détenu, personne ne peut dire qu’il y a un point là-dedans qui est faux », déclare Choguel Kokalla Maïga dans la vidéo enregistrée mardi. Boubacar Traoré est le signataire du communiqué critique publié fin mai et émanant de la faction du M5-RFP (Mouvement du 5 juin-Rassemblement des forces patriotiques) restée fidèle au premier ministre.
M. Maïga passe pour isolé, avec une capacité d’action limitée vis-à-vis des militaires. C’est la première fois qu’il s’exprime publiquement sur ce document, dont la publication a renforcé les spéculations en cours depuis des mois sur son remplacement. Un autre fidèle du premier ministre, Abdelkader Maïga, a été condamné en avril à deux ans de prison, dont un an ferme pour diffamation.
Le premier ministre affirme néanmoins son soutien au processus dit de « transition » censé stabiliser la sécurité au Mali et générer de profondes réformes, avant une rétrocession du pouvoir à des civils élus. Le retour des civils est aujourd’hui renvoyé à un horizon inconnu après que les militaires ont failli à différentes reprises à leurs engagements en la matière.
Il ne faut « poser aucun acte de déloyauté vis-à-vis du président », le colonel Assimi Goïta, souligne Choguel Kokalla Maïga. Il s’insurge contre les tentatives de « manipulation » visant selon lui à « créer des conflits au sommet entre les militaires et le premier ministre » et à le présenter comme « le premier opposant de la transition ».
Le Monde avec AFP