Nouvel épisode sanglant au Burkina Faso. Une quarantaine de personnes ont été tuées dans des attaques visant civils et militaires attribuées à des jihadistes. Depuis le début de l’année, plus de 150 personnes sont mortes dans ces raids, essentiellement perpétrés dans la moitié nord du pays.
La dernière en date a visé, dans la nuit du jeudi 9 au vendredi 10 février, le village de Sanakadougou, situé dans la commune de Kombori (nord-ouest), tout près de la frontière malienne.
Selon des habitants, douze à treize civils ont été tués par des hommes armés arrivés à moto dans le village. Le bilan pourrait s’alourdir après l’attaque « par des groupes armés » d’une autre localité voisine, Yaran, dans la matinée du dimanche 12 février, d’après l’un des témoins.
« Presque tout le village [de Sanakadougou] a été incendié. Les greniers et les habitations ont été incendiés », a-t-il expliqué, affirmant que « les populations ont commencé a quitté la zone depuis vendredi ». Les habitants « n’ont rien pu emporter, car les assaillants ont tout incendié ou pillé et emporté les rares biens et le bétail des villageois », a poursuivi ce témoin qui dit avoir trouvé refuge à Nouna, chef-lieu de la province de la Kossi, où se trouve le village attaqué.
Raids à répétitions
Les attaques meurtrières attribuées à des jihadistes se multiplient ces dernières semaines au Burkina Faso. Le 8 février, quinze personnes – huit Volontaires pour la défense de la Patrie (VDP, supplétifs civils de l’armée) et sept gendarmes – ont été tuées lors d’une attaque dans la région du Centre-nord, selon des sources sécuritaires. Le même jour, huit personnes, dont deux employés burkinabè de Médecins sans frontières (MSF), ont trouvé la mort dans les régions du Nord-ouest et du Centre-est, dans deux attaques distinctes.
En début de semaine, le 6 février, six civils avaient péri dans un raid mené dans la région du Centre-ouest. La semaine dernière, ce sont une cinquantaine de personnes qui avaient été tués, dont 31 dans une commune du nord du pays. En janvier déjà, sur la seule journée du 19, une trentaine de personnes avaient été tuées dans plusieurs régions du nord et du nord-ouest, lors de quatre attaques distinctes.
Recrutement de milliers de volontaires
Face à cette violence, la junte dirigée par le capitaine Ibrahim Traoré, au pouvoir depuis la fin de septembre après le deuxième coup d’État militaire en huit mois, revendique sa volonté de retrouver sa « souveraineté ». Elle a demandé aux forces spéciales françaises de l’opération Sabre, basées à Ouagadougou, de quitter le pays d’ici à la fin de février. Précédemment, une vaste opération de recrutement de dizaines de milliers de VDP a été lancée pour défendre le territoire. Quelque 90 000 étaient engagés à la fin de novembre dans la lutte contre le jihadisme.
Dans la sous-région, le Mali et le Niger voisins sont également frappés. Le 10 février, au moins dix soldats sont morts lors d’une embuscade dans l’ouest nigérien, à la frontière avec le Mali. C’est de ce dernier que s’est notamment rapproché le Burkina Faso, soucieux de diversifier ses partenariats dans la lutte antijihadiste. Pour l’heure, le capitaine Traoré semble résister aux demandes pressantes de son allié malien, le colonel Assimi Goïta, de se tourner vers Moscou et de s’appuyer sur les mercenaires de Wagner.
(avec AFP)