Le Burkina-Faso s’attend à une intervention militaire de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) au Niger et s’apprête à soutenir son allié dans ce cas de figure, a annoncé dans une interview à Sputnik Afrique le colonel Kassoum Coulibaly, ministre burkinabé de la Défense.
« L’agression, on l’attend. De toute façon, on a déclaré sur le radio. Les chefs d’État ont déclaré: on est prêts, on soutiendra le Niger », a confirmé l’officiel burkinabè.
Selon le colonel Coulibaly, il n’est pas logique que les pays membres d’une communauté économique créée pour « vivre ensemble », « commencent à nous faire des barrières inutiles pour sauver des intérêts particuliers ». Ainsi, si la CEDEAO déclenche une agression contre le Niger, le Burina Faso sera prêt à quitter cette organisation.
« On est même prêt à se retirer de la Communauté économique des États de l’Afrique », a martelé le ministre de la Défense.
Communauté économique et non pas militaire
Les pays membres de la CEDEAO « partis d’un regroupement sur les bases économiques » n’ont pas le droit de se faire la guerre entre eux, quel que soit le prétexte, a poursuivi le colonel Coulibaly.
« C’est assez choquant de penser que parmi les mêmes États , on veut se faire la guerre entre nous et que certains chefs d’État veulent faire la guerre à d’autres pays sous le prétexte de gouvernance, de démocratie », a affirmé M.Coulibaly ajoutant qu’il est surtout « inutile et choquant et d’essayer de ramener, instaurer un régime qui est déchu par le coup d’État ».
Riposte à une éventuelle agression
Selon le chef de la Défense, si les militaires de la CEDEAO décident d’entrer au Niger, ils feront face à des protestations populaires. Il y a déjà une forte dynamique au sein de la population, et surtout parmi les jeunes qui ne souhaitent pas être manipulés et qui ont « même pris leurs responsabilités pour faire face à toute agression quelconque », a constaté le colonel Coulibaly.
« Il y a toujours des tentatives de nous mentir entre nous-mêmes et la jeunesse a bien compris ça. Elle est actuellement sensibilisée sur ce plan, elle est mobilisée […]. Ils ont même dit qu’ils sont prêts à jouer le rôle de bouclier humain », a déclaré l’officiel burkinabè.
CEDEAO mal informée
En tant qu’ancien collaborateur de la CEDEAO, il croit que le centre d’alerte précoce de la communauté aurait dû être prévenu de ce qui se passait au Niger. Par contre, la CEDEAO qui a des cellules dans les différents pays et même au niveau central à Abuja, « est toujours peu avertie », a-t-il déploré.
« Si les dirigeants tenaient compte des avis, des conseils et du travail des techniciens il y aurait beaucoup d’erreurs qu’on aurait pu éviter », a-t-il conclu.
Spoutnik