Acquittement de Laurent Gbagbo: quand est-ce que l’Afrique cessera d’être le dindon de la farce?

Acquittement de Laurent Gbagbo: quand est-ce que l’Afrique cessera d’être le dindon de la farce?

1 avril 2021 Non Par LA RÉDACTION

 

L’acquittement de Laurent Gbagbo et de Charles Blé  Goudé, ce mardi 31 mars 2020, remet au goût du jour la question existentielle du rôle de la Cour pénale internationale (CPI). Non seulement elle ne jouit pas d’une bonne presse, à cause de son penchant exclusif pour l’Afrique, mais aussi elle donne l’air d’être une justice pour  les vainqueurs.

Dans les nombreux dossiers qu’il a eu à vider et qui impliquent des leaders africains, accusés de crimes et autres graves faits, la CPI s’est mise au cœur de la polémique avec ses verdicts…bizarres.

Après le président kenyan, Uhuru Kényatta, le congolais Jean Pierre Bemba, c’est aujourd’hui autour de Laurent Gbagbo et son « lieutenant » Charles Blé Goudé d’humer l’air de la liberté. Ils sortent des griffes de la Cour pénale internationale, naguère considérée comme une « porte sans retour ».

A la lumière de ces différents acquittements, des questions dominent les débats quant à l’essence même de cette cour, le dernier recours des peuples opprimés pour se faire justice. Cela d’autant plus que dans les régimes autocrates, les anciens présidents et autres personnalités militaires ne rendent pas compte de leurs dérives.

L’acquittement de Laurent Gbagbo, au lieu d’inspirer de la réjouissance,  remet le couteau dans la plaie qu’est cette CPI. Ladite cour ne s’occupe, du moins dans un pourcentage avancé, que des dossiers africains. On aurait décrit son approche comme African-centered ou African-oriented tant la procureur Fatou Bensouda et ses collaborateurs n’ont cessé de mettre exclusivement le curseur sur les dirigeants du continent. Il est difficile de trouver pour la CPI un réel  bilan qui justifierait de sa pertinence en dehors des poursuites contre les présidents et leaders africains. Il ne faut pas s’y méprendre, on n’est pas en train de remettre en cause les principes fondamentaux de cette cour parce que tout  dirigeant, coupable ou supposé  coupable de crimes et actes  similaires, doit rendre comptes.

Ce qu’on ne peut pas comprendre cependant, c’est la politique de deux poids deux mesures  adoptée par cette institution.

Cette croisade contre l’impunité, principal cheval de bataille, est une chose à  saluer. Encore faudrait-il qu’elle aille au bout de sa logique de faire advenir une justice pour tous et sans exception. On se rappelle la position tranchée de Donald Trump, l’ancien président des Etats-Unis qui s’offusquait que la cour se soit intéressée à enquêter sur de possibles crimes commis en Afghanistan par les GI’s. Il en était arrivé à des menaces de sanctions contre les magistrats de la CPI.

Cette position des USA n’est pas anodine, elle témoigne du statut de mal-aimé, un mal  congénital, dont est victime cette institution judiciaire depuis sa création.

Cependant, les plus acerbes critiques décrivent la CPI comme une justice des vainqueurs. Ces accusations de partialité de la Cour envers les tenants du pouvoir  sont difficiles à balayer si l’on se réfère au traitement réservé aux différents dossiers impliquant des personnalités africaines. Comment comprendre que la Cour poursuive Laurent Gbagbo et Blé Goudé en oubliant le camp du président Ouattara dont l’ex-chef rebelle Guillaume Sorro??

Comment accepter aussi que les deux premiers nommés soient détenus « illégalement » pendant une dizaine d’années et finir par un simple acquittement? Quid du président Uhuru Kényatta avec son acquittement malgré tout ce qui a été avancé sur son compte? A-t-il échappé à la CPI parce qu’il est président de son pays?

Qu’à  cela ne tienne, ces faux-départs et faux-arrivés, des  verdicts  injustes et bizarres, montrent que la CPI se  fout royalement des Africains, lesquels constituent pour eux le dindon de la farce.

Il faut que les Etats membres de la CPI repensent à nouveaux frais les fondamentaux de la cour pénale internationale. Au-delà du principe important consistant à rendre compte des actes posés par les tenants du pouvoir et le les prétendants au pouvoir, il faut qu’il y ait un changement d’approche qui devra permettra de poursuivre mêmes ceux qui sont dans les rangs des vainqueurs.

senenews

Source Leverificateur.net