Labé, 29 Juillet (IBC) – A la tête d’une forte délégation des autorités préfectorales et régionales, le gouverneur de région, le Colonel Robert Soumah s’est rendu ce vendredi, 28 juillet 2023, à Koula Mawndé, dans la commune rurale de Diari, relevant de la préfecture de Labé pour solliciter les prières et les bénédictions des sages, rapporte votre quotidien en ligne infosbruts.com basé en Moyenne Guinée.
Cette visite officielle du gouverneur de Labé, le Colonel Robert Soumah à Koula Mawndé intervient quelques semaines après la convocation et l’audition des notables, chefs religieux et érudits de la région pour n’avoir pas suivi la consigne officielle pour la célébration de la fête de tabaski 2023.
A cette occasion, le gouverneur de Labé était entouré du maire de la commune urbaine, Mamadou Aliou Laly Diallo, de son cabinet, des délégués de l’inspection régionale des affaires religieuses et des chefs des services de sécurité.
La délégation du gouverneur de Labé a été reçue à Koula Mawndé par des imams, des chefs religieux, notables et de nombreux fidèles musulmans venus de plusieurs foyers islamiques de la région.
Dans sa communication de circonstance, le gouverneur de Labé, le Colonel Robert Soumah a reconnu le rôle et l’importance des chefs religieux dans la promotion et la consolidation de la paix et de l’unité nationale. Il a aussi réitéré l’engagement des autorités de la transition d’accompagner et de soutenir les foyers islamiques dans l’accomplissement de cette mission. Il a également vivement appelé à la mise en place d’un cadre permanent de concertation entre autorités et leaders religieux dans le respect mutuel des différences.
différences.
Elhadj Mamadou Mounir Diallo, porte-parole de la communauté
Prenant le premier la parole pour répondre, au nom des notables du Foutah, à ce message fort du gouverneur de Labé, le doyen Elhadj Mamadou Mounir Diallo, ressortissant de Koula Mawndé à Conakry est largement revenu sur l’incident autour de la célébration de la fête de tabaski.
« Nous avons prié selon notre habitude et notre coutume, selon l’enseignement que nous avons avec la religion. La religion nous recommande de prier si nous voyons la lune et de ne pas prier si nous ne voyons pas la lune » a-t-il introduit son propos.
Poursuivant, il a expliqué que même à la Mecque, l’unanimité ne se dégage pas à tout moment. A l’en croire, récemment « la commission de l’observation du croissant lunaire en Arabie Saoudite a publié un communiqué selon lequel qu’il n’était pas possible de voir le croissant lunaire à l’œil nu mais qu’avec le télescope il a été aperçu. Sur la base de cet argument accepté par la Cour Suprême, la commission a déclaré le lendemain jour de fête. Mais, dès la publication de ce communiqué, les érudits ont expliqué que l’argument avancé n’est pas suffisant pour la rupture du jeûne. »
Elhadj Moudjitaba Diallo, notable de Koula Mawndé
Pour sa part, le doyen Elhadj Moudjitaba Diallo a fait remarquer qu’il a toujours des contradictions autour de l’observation du croissant lunaire : « le calendrier marocain et celui de l’Arabie Saoudite ne sont pas en harmonie. »
Sur la même lancée, l’orateur s’est refugié derrière la laïcité de l’Etat guinéen pour solliciter des autorités de la transition, à travers le gouverneur de Labé, l’autorisation à chacun citoyen de pratiquer la religion conformément à ses convictions et croyances. Surtout, dit-il, qu’en Guinée la loi autorise le christianisme, l’animisme et la non croyance à une religion.
De son côté, le maire de la commune rurale de Diari, Elhadj Mamadou Diallo a raconté une anecdote entre le premier président de la République de Guinée et le Roi Fayçal d’Arabie Saoudite. L’histoire se serait déroulée en 1967.
« Au cours d’une prière, le Roi Fayçal croisait les bras. Mais, le président Sékou Touré ne le faisait pas. De temps à autre le Roi Faïçal prenait le bras de Sékou Touré pour l’envoyer jusqu’au niveau de la poitrine. Mais dès qu’il laisse la main, Sékou Touré descend son bras. A la fin de prière, le Roi Fayçal a demandé pourquoi le président Sékou Touré ne croisait pas ses bras en priant. Le président Sékou Touré a demandé au Roi Fayçal de lui montrer un passage du Coran qui recommande d’imiter l’Arabie Saoudite pour pratiquer sa religion. Le Roi Fayçal a fini par reconnaitre qu’il n’y a aucun verset du coran qui le recommande. Sékou Touré a alors conclu en disant qu’il pratique sa religion selon les enseignements reçus de son maître coranique » a-t-il expliqué.
Selon ce témoignage, à cause de cet échange entre les deux hommes d’Etat, le Roi Fayçal a donné un chèque de 20.000 dollars à Sékou Touré. Celui-ci aurait brandi le chèque en le montrant au public massivement mobilisé au Palais du Peuple pour dire qu’il donne, à son tour, ce cet argent au peuple de Guinée.
Par ailleurs, l’imam de Zawiya a salué l’idée du gouverneur de région relative à la mise en place d’un cadre permanent de concertation entre autorités et leaders religieux.
« Jusque-là, les foyers islamiques et les vrais chefs religieux n’ont jamais été consultés ou associés au processus de prise de décision par les autorités. Ce n’est pas toujours bon de confier certaines responsabilités à des jeunes » a-t-il déclaré en substance.
Reprenant la parole, Elhadj Moudjitaba Diallo a tenu à préciser que contrairement à ce que l’inspecteur régional des affaires religieuses avait annoncé au gouvernorat de Labé, les notables du Foutah n’ont jamais présenté des excuses.
« C’est dans la salle, au moment de cette cérémonie, que nous appris que nous avons présenté des excuses. Ce que nous avons dit aux officiers de police judiciaire qui nous ont interrogé est très clair » a-t-il lancé comme un cheveu sur la soupe.