Au procès du 28-Septembre en Guinée, Dadis Camara interrogé sur la gestion des corps

Au procès du 28-Septembre en Guinée, Dadis Camara interrogé sur la gestion des corps

18 janvier 2023 Non Par LA RÉDACTION
Dadis Camara au procès du 28 septembre 2009. L'ancien chef de la junte militaire au pouvoir à l’époque du massacre du 28 septembre, a été appelé à donner sa version des faits ce lundi 12 décembre 2022. La répression meurtrière a fait 157 morts, des centaines de blessés, plus de cent femmes violées.

Au procès du massacre du 28 septembre 2009, l’ancien chef de la junte a encore été interrogé ce mardi 17 janvier par les avocats de la défense. Il a eu toute la latitude de développer sa version des faits.

Peu après 10h ce mardi 17 janvier, l’avocat de Claude Pivi, ministre chargé de la Sécurité présidentielle au moment des faits, commence à poser ses questions. Il aborde notamment la gestion des corps des défunts, alors que certains prévenus sont soupçonnés d’avoir participé à la disparition de cadavres. Au fil de l’interrogatoire, l’avocat tente de disculper l’ancien chef de la junte. « Le président de la transition n’avait pas à s’occuper de cette mission », assure-t-il, mission déléguée au ministre de la Santé de l’époque, Abdoulaye Chérif Diaby.

Les deux hommes finissent par nier jusqu’à l’existence de fosses communes et le conseil demande : « Vous ne pensez pas que cette histoire est une création, comme beaucoup d’autres éléments dans ce dossier ? ». C’est au tour ensuite des avocats de Dadis de prendre la parole. Un interrogatoire de la même veine, par exemple sur cette question de la gestion des corps : « Si vous vouliez dissimuler des cadavres, est-ce que vous auriez ordonné à ce qu’ils soient filmés ? », référence à l’autorisation obtenue par France24 peu après le massacre, de capter l’image de ces linceuls alignés à la mosquée Fayçal.

Après la sortie de Me Paul Yomba Kourouma, l’avocat de Toumba Diakité qui portait de graves accusations contre le capitaine Dadis Camara, qui selon lui était dans les alentours du stade au moment des massacres, c’est au tour des conseils de l’ex-chef de la junte de porter la réplique, rapporte notre correspondant sur place Mouctar Bah. Me Antoine Pépé Lamah a balayé du revers de la main ces accusations : « Nous sommes dans un procès criminel, nous sommes devant le tribunal criminel, nous ne sommes pas à la phase des indices, nous ne sommes plus à la phase des charges. Nous sommes à la phase des preuves, ce n’est que de la distraction, ce n’est que de l’affabulation, c’est de l’enfumage. Vous ne pouvez pas venir ici à la barre de ce tribunal pour un procès que nous voudrons sérieux tenir des propos qui ne se reposent sur aucun support probant. »

Le capitaine Dadis Camara a lui-même expliqué à la barre avoir été victime d’une tentative d’assassinat même après ces massacres pour empêcher la manifestation de la vérité : « Je pense que la vraie volonté après le 28 septembre, il fallait m’éliminer. Capitaine Dadis mort, il n’est plus vivant, est-ce qu’il serait devant cet auguste tribunal pour dire sa part de vérité, c’était l’objectif ».

C’est la onzième fois que Dadis est appelé à la barre, il comparaît depuis le mois de décembre. Après le procureur et ses substituts, après les parties civiles, la parole a été donnée la semaine dernière à la défense. L’audition de l’ancien chef d’État devrait se terminer cette semaine.

 

Rfi