Éditorial : Quand la communication devient contre-productive
13 septembre 2025
Il est un adage en communication politique qui dit : « Il faut toujours maîtriser son message, ou le message vous maîtrisera. » Cette maxime semble avoir échappé à Bernard Goumou, ancien Premier ministre de Guinée, dont les récents faux pas communicationnels soulignent avec fracas les limites d’une stratégie mal pensée, mal préparée, et surtout mal maîtrisée.
Le dernier épisode en date, à quelques jours du référendum controversé prévu le 21 septembre, en est une illustration frappante. En initiant un sondage sur sa propre page Facebook pour tester la popularité du « Oui », Bernard Goumou pensait certainement renforcer son argumentaire en faveur du référendum. Mais à peine le sondage publié, le résultat tourne au vinaigre : le « Non » s’impose massivement, traduisant une fracture claire entre le discours politique porté par l’ancien Premier ministre et l’opinion populaire.
Pris de court, Bernard Goumou supprime la publication, tentant d’effacer une réalité numérique qui, malheureusement pour lui, a déjà marqué les esprits. Car dans l’ère de la transparence numérique, tout ce qui est publié est capté, sauvegardé, analysé, partagé. Supprimer un post aujourd’hui, c’est l’assurer d’avoir un impact plus grand encore demain.
Mais ce n’est pas la première fois que l’ancien Premier ministre joue contre son propre camp. Il y a quelques semaines, il diffusait fièrement des images de routes dégradées dans la région Forestière, sa propre région d’origine. Était-ce un appel à l’action ? Un cri d’alerte ? Ou un simple manque de discernement ? Peu importe. Dans l’opinion, cette communication a été perçue comme un aveu d’échec : comment celui qui a exercé les plus hautes fonctions exécutives du pays peut-il aujourd’hui pointer du doigt ce qu’il n’a pas su améliorer ?
À force de vouloir être visible, on finit parfois par être vulnérable. Et Bernard Goumou semble offrir, sans le vouloir, des munitions à ses adversaires politiques, qui n’ont plus qu’à ramasser ce que lui-même leur tend sur un plateau.
Il est vrai que la communication politique est un exercice d’équilibriste : il faut convaincre sans paraître insistant, informer sans accabler, montrer sans trop exposer. Mais lorsque la communication devient contre-productive, elle ne sert plus l’homme politique, elle le dessert. Et c’est exactement ce que traverse Bernard Goumou aujourd’hui : un enchaînement de maladresses qui entame sa crédibilité et fragilise la cause qu’il défend.
Ce cas doit servir de leçon. Dans un contexte politique aussi tendu que celui de la Guinée actuelle, chaque mot, chaque image, chaque publication compte. À vouloir jouer avec l’opinion sans en mesurer les réactions, on finit souvent par allumer l’incendie qu’on voulait éviter.
Car oui, la communication peut tuer la communication.
Et parfois, c’est l’ambition elle-même qu’elle enterre.
Abdourahamane Diallo



