Procès du 28-Septembre en Guinée: la CPI en visite au tribunal de Conakry
9 septembre 2022
En Guinée, le procès du 28-Septembre s’ouvrira-t-il le 26 de ce mois ? C’est une volonté affichée par les autorités, particulièrement par le président de la Transition, Mamadi Doumbouya. Depuis 48 heures, une délégation de la Cour pénale internationale est à Conakry pour s’assurer que toutes les conditions, notamment techniques, pour la tenue de ce procès sont réunies.
C’est le cœur de ce futur procès : le tribunal ad hoc. Situé derrière la cour d’appel, dans le quartier Kaloum, sa construction a débuté en 2019. Sans cet outil et le respect des normes internationales : pas de procès. Vice-procureur à la CPI, Mame Mandiaye Niang dirige cette mission d’évaluation. Et tout est vérifié : sécurité, internet, salle d’audience, jusque dans les moindres détails. Après une heure de visite, le bilan est positif, estime le juriste sénégalais : « Ce premier défi, qui est un défi logistique, est sur le point d’être remporté. Surtout avec la volonté, aussi, d’accompagner l’effort national de rendre justice à des Guinéens par des Guinéens. » Présent à la visite de chantier, Abdourahmane Sikhé Camara, secrétaire général du gouvernement, se félicite pour l’avancée des travaux : « Nous sommes à plus de 90%. Nous sommes tous convaincus que ce procès du 28-Septembre 2009 aura effectivement lieu. »
Il manque aujourd’hui les 600 sièges et, élément essentiel, le pupitre où doit siéger la cour. Ces éléments de mobilier doivent être importés de Turquie. Au niveau matériel, la délégation de la Cour Pénale Internationale est donc satisfaite et a bon espoir, comme les autorités, que ce procès tant attendu s’ouvre avant la date symbolique du 28 septembre. Une volonté du président de la transition, Mamadi Doumbouya, que Mame Mandiaye Niang estime réalisable : « Peut-être que la date pourra être réajustée, c’est une indication. L’indication forte, c’était que, au plus tard, à la date d’anniversaire, que le procès se tienne. »
L’attente des victimes
Asmaou Diallo qui préside l’AVIPA, l’Association des victimes, des parents et des amis du 28-Septembre, se félicite des annonces des autorités, mais attend des faits concrets. « On a tellement demandé, on a tellement demandé, voilà 13 ans aujourd’hui. Dans le premier discours que l’on a suivi avec le colonel Mamadi Doumbouya, on a entendu parler de justice et ça, ça nous a donné vraiment plus de courage. C’est avec une transition militaire que l’on a été massacrés : il y a eu des viols, il y a eu des morts, des disparus… Et aujourd’hui, avec des militaires qui reviennent et qui s’engagent pour la justice, c’est quelque chose de nouveau et on était vraiment très satisfaits. La preuve en est qu’aujourd’hui, le président de la transition prend l’engagement de juger ce dossier. »
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« Maintenant, ce qui nous inquiète, poursuit-elle, c’est par rapport à la participation de toutes les personnes inculpées. Et que l’on ait un procès clair, équitable, un procès de vérité, que ce ne soit pas un procès bâclé. Que ce ne soit pas un procès juste pour dire que l’on a fait un procès. »
Qui sera au banc des accusés ?
Alors que tout semble s’accélérer, se pose désormais la question de la présence ou de l’absence des accusés. La procédure judiciaire est bouclée depuis 2019 et 13 personnes ont été mises en examen, soupçonnés notamment de « crimes ordinaires ». Actuellement, au Burkina Faso, le capitaine Moussa Dadis Camara, qui dirigeait la Guinée en 2009, est revenu au pays en décembre dernier et s’est dit prêt à répondre de ses actes devant la justice. Son aide de camp, Aboubakar Diakité dit « Toumba », ne souhaite pas comparaitre. Son avocat, Me Kourouma a indiqué deux éléments : il estime que toutes les conditions ne sont pas réunies pour la tenue du procès et il ajoute : « mon client est en prison depuis cinq ans, il se porte mal, il est souffrant et on lui refuse les soins. Il n’est pas en mesure de se défendre pour ce procès. »
avec RFI