Patrick Poivre d’Arvor annonce porter plainte pour « dénonciation calomnieuse » contre 16 femmes l’accusant de harcèlement et violences sexuelles
27 avril 2022D’après leur avocate Laure Heinich, les plaignantes « attendent impatiemment de répondre et de le confronter devant des juges, ce que la prescription leur interdisait ».
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![Le journaliste et écrivain Patrick Poivre d'Arvor, le 2 septembre 2019 à Bruxelles (Belgique). (NICOLAS MAETERLINCK / BELGA MAG / AFP)](https://www.francetvinfo.fr/pictures/SVG3uqOQkWUoL2G74rDNTYF4E_Y/752x423/2022/04/26/phpo2aAsZ.jpg)
Après une première plainte classée sans suite en février, le journaliste et écrivain français Patrick Poivre d’Arvor, ancien présentateur du journal de 20 heures sur TF1, a décidé de porter plainte avec constitution de partie civile pour « dénonciation calomnieuse » à l’encontre de 16 femmes l’accusant de harcèlement sexuel ou de violences sexuelles, a appris « Complément d’enquête ».
L’avocat de « PPDA », Philippe Naepels, a confirmé avoir déposé cette plainte auprès du doyen des juges d’instruction du tribunal de Nanterre cette semaine, avant la diffusion dans « Complément d’enquête » sur France 2, jeudi 28 avril, d’une enquête consacrée à l’ex-présentateur de TF1. La plainte a été enregistrée mardi.
« Depuis de nombreux mois, beaucoup d’accusations qui n’ont aucun fondement sont portées contre Patrick Poivre d’Arvor. Il est temps que ces accusations soient jugées. On ne peut pas accuser faussement et impunément. »
Philippe Naepels, avocat de Patrick Poivre d’Arvor
à franceinfo
« Depuis l’emballement généré par la déferlante #MeToo, la libération de la parole des femmes connaît malheureusement son lot d’excès et de dérives, et les moyens mis en œuvre pour servir cet objectif légitime peuvent s’avérer pervers et dévastateurs », dénonce Patrick Poivre d’Arvor dans sa plainte, que « Complément d’enquête » et franceinfo ont pu consulter. Quarante-trois pages au vitriol qui fustigent « un retour du puritanisme et de la censure, habilement parés de la prétendue protection des femmes ».
Des accusations contestées
Dans cette plainte, l’ancien journaliste met en cause 16 des 22 femmes qui ont témoigné à son encontre à la Brigade de répression de la délinquance contre la personne (BRDP). « Huit d’entre elles ont déposé plainte », rappelle le document. « Il ne saurait être donné le moindre crédit à ces seize femmes, journalistes ou écrivains en mal de renommée et/ou féministes de la dernière heure, venues soutenir une ancienne collègue, une amie, voire une simple militante de la cause féminine », tacle le document à l’encontre des personnes concernées.
Et de poursuivre : « Regretter de ne pas avoir bénéficié de davantage d’égards, voire d’un simple regard, de la part d’un homme qu’elles ont un temps admiré rend aujourd’hui les mises en cause éconduites ou ignorées très amères, amertume qui les conduit à commettre, par vengeance tardive, le délit de dénonciation calomnieuse. » La plainte revient ensuite sur chacune des accusations de ces 16 femmes, fermement contestées par Patrick Poivre d’Arvor. Le plaignant cite, pour quatre d’entre elles, des extraits de correspondances qui auraient été écrits après les faits dénoncés, fragilisant selon lui la version de ces femmes l’accusant.
Des termes jugés « outrageants »
L’avocate Laure Heinich, qui défend des plaignantes accusant l’ancien présentateur de violences sexuelles, évoque, dans un courrier adressé à « Complément d’enquête », « une plainte en dénonciation calomnieuse dans des termes outrageants qui ne font que l’accabler ». Les mises en cause « attendent impatiemment d’en répondre et de le confronter devant des juges, ce que la prescription leur interdisait », défend-elle.
« Les plaignantes déplorent enfin l’ignorance feinte du processus de domination et de violence sexuelle pour tenter de faire accroire qu’il existerait des lettres qui pourraient être ‘incompatibles’. »
Laure Heinich, avocate des plaignantes
à France 2
Selon la vice-présidente de l’association #MeTooMédias Muriel Reus, ancienne directrice adjointe de TPS, une filiale de TF1, qui a répondu aux questions de « Complément d’enquête », 15 femmes ont porté plainte à ce jour contre Patrick Poivre d’Arvor, dont 6 pour viol.
De nouveaux recours déposés
L’affaire Patrick Poivre d’Arvor a commencé en février 2021, lorsque l’écrivaine et journaliste Florence Porcel avait porté plainte contre lui, l’accusant de lui avoir imposé un rapport sexuel en 2004 et une fellation en 2009. Le journaliste avait alors porté plainte pour diffamation et dénonciation calomnieuse. Le parquet de Nanterre avait ensuite mené une enquête préliminaire pendant quatre mois. L’enquête avait été classée « sans suite » en juin, tout comme la plainte de Patrick Poivre d’Arvor. Début novembre, huit femmes qui avaient été entendues par la justice avaient témoigné auprès de Libération, accusant le journaliste de harcèlement ou violences sexuelles.
Florence Porcel s’est par la suite constituée partie civile auprès du doyen des juges d’instruction, entraînant l’ouverture d’une nouvelle enquête. En décembre, deux nouvelles plaintes, l’une pour viol, l’autre pour agression sexuelle ont également été déposées à l’encontre de l’ancien présentateur, pour des faits en 1985 et 2013.
Auprès de franceinfo, Philippe Naepels annonce son intention de déposer une nouvelle plainte pour « dénonciation calomnieuse » avec constitution de partie civile à l’encontre de Florence Porcel, à l’issue de l’enquête en cours portant sur ces accusations.