Guinée: ouverture des Assises nationales malgré l’absence d’une soixantaine de partis politique
23 mars 2022
Le colonel Mamadi Doumbouya a procédé ce mardi 22 mars au coup d’envoi des Assises nationales. Le président de la transition conçoit ces rencontres, qui dureront jusqu’au 29 avril, comme des « journées du pardon et de la vérité ». Seul bémol : plusieurs dizaines de partis politiques ont boudé l’événement, déplorant le manque d’information autour de ces Assises.
Dans la Salle du Palais Mohamed V à Conakry, des ministres, des magistrats, des gouverneurs et des conseillers de quartiers se sont réunis pour écouter le discours solennel du président de la transition. Deux ans après le double scrutin contesté du 22 mars 2020, le colonel Mamadi Doumbouya se veut rassembleur.
« J’ai tenu à l’organisation de ces analyses nationales pour ainsi donner une occasion historique et unique aux Guinéens de se regarder en face, les yeux dans les yeux et de se parler franchement, à cœur ouvert cette fois-ci », déclare le colonel Mamadi Doumbouya. « Chacun de nous ici dans ce pays a subi des brutalités, les plaies sont là, béantes. Il est temps qu’on les nettoie, qu’on y apporte des pansements », affirme-t-il.
« Les assises nationales sont au-dessus de toutes les considérations politiques, ethniques, religieuses de notre nation » ajoute le président de la transition, en appelant les acteurs politiques, culturels et religieux à s’impliquer dans le processus des Assises « pour conférer à cet évènement toute la réussite qu’il mérite. »
Une commission nationale pour coordonner les Assises devrait être mise en place sous peu. Les Assises vont durer six semaines, en l’absence d’une soixantaine de partis politiques comme l’Alliance nationale pour l’alternance et la démocratie (Anad) ou le Front national pour la défense de la Constitution (FNDC), qui dénoncent le manque de préparation de ces rencontres et préfèrent se concentrer sur la conduite de la transition.
La veille, on ne sait pas de quoi on va parler ! Tout ça dérive du fait que le CNFD ne souhaite pas associer tous les Guinéens à la discussion et à la recherche de solutions à nos problèmes.
Aliou Condé, secrétaire général de l’Union des Forces démocratiques de Guinée (UFDG).
Le ministre de l’administration du territoire et de la décentralisation Mory Condé a réagi au micro de notre correspondant à Conakry, Mouctar Bah : « Je pense que ces acteurs qui ont jugé nécessaire de ne pas être présent ce matin pour une raison ou d’autres comprendront la nécessité d’aller vers ces assises, d’aller vers ces journées de vérité et de pardon, rejoindre le processus de la conduite de ces assises dans les jours à venir ».
Si certains estiment que ces assises n’ont pas leur raison d’être, Faya Millimouno, leader du Bloc libéral lui trouve là un forum qui permet aux Guinéens se parler : « Il est question que les Guinéens se retrouvent, se regardent en face et se parlent, se disent la vérité et se pardonnent pour que les pages que nous n’avons pas encore lus, que nous fassions notre devoir de les lire ».