Guinée: «La transition que nous avons est éminemment politique», affirme Kéamou Bogola Haba
6 janvier 2022
En Guinée, une centaine de partis politiques ont créé une plateforme chargée d’instaurer un dialogue avec la junte du CNRD. Cette plateforme s’appelle « Collectif des partis politiques ». Quels sont les sujets qu’elle entend mettre sur la table ? Le RPG, le parti du président déchu Alpha Condé, est-il susceptible de la rejoindre ? Notre invité aujourd’hui est l’un des responsables du collectif, Kéamou Bogola Haba, président d’honneur du parti UGDD. Il répond aux questions de Laurent Correau.
RFI : Pourquoi était-il nécessaire de rassembler les partis politiques dans une plateforme destinée à discuter avec la junte ?
Kéamou Bogola Haba : La transition que nous avons est éminemment politique. L’aboutissement de cette transition, c’est effectivement les élections futures. Il y a donc depuis le 5 septembre des demandes de dialogue. Cela n’a pas été pris en compte. Il était donc important que la classe politique puisse apporter évidemment son point de vue sur les questions importantes qui seront discutées.
Mais pourquoi avoir créée cette plateforme alors que le Conseil national de transition (CNT), le futur organe législatif, devra une fois qu’il sera mis en place travailler sur les contours de cette transition ?
Oui. Vous savez, au sein du CNT, il y aura toutes les forces vives du pays. Donc, les partis politiques seront représentés par 15 représentants sur un total de 81. Il était donc important que la classe politique puisse s’accorder sur des éléments qui seront défendus par leurs représentants au sein du CNT ou au sein d’un autre forum qui doit avoir lieu, parce que la charte de la transition dit bien que la durée de la transition doit être fixée entre le CNRD [Comité national de redressement et du développement] et les forces vives du pays.
On comprend avec les premières déclarations des leaders de votre plateforme que vous appelez à la création d’un cadre de dialogue avec le CNRD de Mamadi Doumbouya, est-ce que vous avez déjà fait des propositions concrètes au CNRD sur ce que pourrait être le format de ce cadre de dialogue ?
Le format est plus ou moins connu. Les forces vives aujourd’hui sont constituées de la société civile et des partis politiques, évidemment avec aussi les représentations des religieux, des sages. Donc, ce format est un format auquel les Guinéens sont déjà habitués depuis pratiquement 2010. Et nous pensons bien que ça sera le même format avec des équipes qui sont représentatives.
Une coalition d’organisations de la société civile et d’ONG guinéennes qui s’appelle l’Alliance citoyenne pour la transition propose une durée de 24 mois pour une transition réussie. Est-ce que vous avez déjà eu l’occasion de débattre de cette proposition entre partis de la plateforme ?
Ce sont des propositions qui vont dans la même direction que ce que nous allons faire. Entre 15 mois qui a été proposé, par exemple à l’Anad [Alliance nationale pour l’alternance et la démocratie], et 24 mois par certains partis, je crois que le consensus sera très facile à trouver, parce que l’écart n’est pas grand. Maintenant, il s’agit de voir parce que les propositions dépendent des activités à mener et des timings accordés à chaque activité.
Cellou Dalein Diallo, un des leaders de votre plateforme, a indiqué qu’un mémo serait déposé à la junte pour ces sujets. Est-ce que cette note est déjà prête ?
Non. Ce n’est pas prêt parce que nous avons donc adopté la mise en place du collectif. Maintenant, les leaders vont se retrouver. Donc, la coalition va se retrouver cette semaine pour mettre en place les différentes commissions qui vont travailler sur les thématiques.
À quelle échéance souhaitez-vous remettre ces propositions à la junte ?
Il y a une deuxième plénière qui est prévue la semaine prochaine. Et je crois que tout cela sera clarifié.
Le parti d’Alpha Condé, le Rassemblement du peuple de Guinée (RPG), n’est pour l’instant pas membre de votre coalition. Est-ce que c’est un choix du RPG de ne pas rentrer dans cette démarche ou est-ce que vous espérez qu’il rejoigne la plateforme ?
Ils n‘ont pas d’objection pour participer à cette coalition. Mais seulement, ils nous ont fait comprendre qu’ils avaient une autre actualité qui était celle du déplacement de monsieur Alpha Condé, qui a été autorisé, et qu’ils avaient besoin d’une conférence de presse, qu’ils allaient nous rejoindre. Et nous pensons qu’ils sont toujours dans l’esprit évidemment de travailler avec nous