Un des cerveaux du 7 Octobre: qui est Yahya Sinouar, le chef du Hamas «éliminé» par Israël?

Un des cerveaux du 7 Octobre: qui est Yahya Sinouar, le chef du Hamas «éliminé» par Israël?

18 octobre 2024 Non Par Doura

 

Yahya Sinouar, longtemps homme de l’ombre avant de prendre la tête du Hamas cet été, est considéré comme l’un des architectes de l’attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien sur Israël le 7 octobre 2023, qui a plongé la région dans un conflit sanglant.

L’armée israélienne a annoncé jeudi «vérifier» s’il avait été «éliminé» lors d’une opération dans la bande de Gaza.

 

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Ce militant radical, qui avait succédé à Ismaïl Haniyeh tué à Téhéran, était un «mort en sursis» pour les autorités israéliennes, qui l’ont traqué pendant des mois dans le territoire palestinien ravagé par la guerre.

Il a fait toute sa carrière dans l’ombre: celle des prisons israéliennes où il a passé 23 ans, puis celle de l’appareil sécuritaire du mouvement islamiste palestinien où il se chargeait de pourchasser les «collaborateurs» d’Israël.

 

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Chef depuis 2017 du mouvement islamiste palestinien à Gaza, il est, à 61 ans, l’un des cerveaux du 7 Octobre: ce jour-là, des centaines de commandos fondaient sur des kibboutz, des bases militaires et un festival de musique électronique en Israël, qui vivait sa pire attaque contre des civils depuis sa création en 1948.

Bilan, 1206 morts et 251 personnes prises en otage, selon un décompte de l’AFP basé sur des données officielles israéliennes.

«C’est sa stratégie, c’est lui qui a monté l’opération» probablement pendant un an ou deux, explique à l’AFP Leila Seurat, chercheuse au Centre arabe de recherches et d’études politiques (CAREP) à Paris.

 

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L’homme ascétique, à la chevelure blanche, mais aux sourcils fournis noirs, «a imposé son tempo pour changer le rapport de force sur le terrain et a pris tout le monde par surprise», selon elle.

Celui qui est désormais «le visage du diable» ou le «mort en sursis», selon les termes de l’armée israélienne, n’était pas apparu en public depuis octobre 2023.

«C’est l’homme de sécurité par excellence», affirmait à l’AFP en 2017 Abou Abdallah, un ex-codétenu du Hamas, qui juge que Sinouar «prend des décisions dans le plus grand calme».

Intransigeant

En 1987, la première Intifada (le soulèvement contre l’occupation israélienne) éclate dans un camp de réfugiés du nord de la bande de Gaza. Lui qui est né à Khan Younès, un camp du sud du territoire, rejoint le Hamas tout juste fondé.

À 25 ans, il dirige déjà l’Organisation du jihad et de la prédication, l’unité de renseignement du Hamas qui punit les «collaborateurs», ces Palestiniens châtiés pour intelligence avec l’ennemi israélien.

En 1988, il fonde Majd, le service de sécurité intérieure du Hamas.

 

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Incarcéré en 1989, il s’impose en leader des prisonniers. Condamné plusieurs fois à la perpétuité, il sort en 2011 avec un millier de détenus libérés par Israël, en échange du soldat Gilad Shalit, otage du Hamas pendant cinq ans.

Yahya Sinouar voit Israël éliminer ses mentors, notamment le cheikh Ahmed Yassine, fondateur du Hamas, et Salah Chehadé, fondateur des brigades Ezzedine al-Qassam, branche armée du mouvement, dont il passe pour le bras droit.

Placé sur la liste américaine des «terroristes internationaux», il fait l’objet de multiples tentatives d’assassinat.

 

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À partir de 2017, il impulse une stratégie «radicale sur le plan militaire et pragmatique en politique», décrypte Mme Seurat. «Il ne prône pas la force pour la force» mais «pour amener [les Israéliens] aux négociations».

«C’est quelqu’un dont le Hamas sait qu’il est totalement intransigeant», ajoute Tahani Mustafa, de l’International Crisis Group (ICG).

Étranglé «avec un keffieh»

Les médias israéliens ont publié des extraits de ses interrogatoires. Il y raconte avoir enlevé un traître et l’avoir conduit au cimetière de Khan Younès: «Je l’ai mis dans une tombe et je l’ai étranglé avec un keffieh […] il savait qu’il méritait de mourir».

Sur le plan politique, il prône une direction palestinienne unie pour tous les Territoires occupés: la bande de Gaza, tenue par le Hamas, la Cisjordanie, administrée par l’Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas, et Jérusalem-Est.

 

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«Il a fait savoir qu’il punirait quiconque tenterait d’entraver la réconciliation avec le Fatah [le parti présidentiel, NDLR]», rappelle l’European Council on Foreign Relations (ECFR).

«À plusieurs reprises, il a proposé une trêve de longue durée avec Israël si le pays se retirait de la Cisjordanie, de la bande de Gaza et de Jérusalem-Est», rappelle Khaled al-Hroub, spécialiste du Moyen-Orient à l’université Northwestern au Qatar.

Il juge que M. Sinouar est «dans le concret».

Coûte que coûte, il entendait forcer Israël et le monde à s’intéresser au sort des Palestiniens. La stratégie de la respectabilité des «politiques» du Hamas échoue: il choisira la violence. La riposte israélienne au 7 Octobre a déjà fait plus de 42 438 morts, selon le ministère de la Santé du Hamas.

À la mi-septembre, il avait affirmé que le Hamas était prêt pour une «longue guerre d’usure» contre Israël avec le soutien du Hezbollah libanais, des rebelles houthis au Yémen et de l’Iran.

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