Oumar Sylla, connu sous le nom de Foniké Mengué, et Mamadou Billo Bah, deux membres du Front National pour la Défense de la Constitution (FNDC), coalition de l’opposition guinéenne, savaient qu’ils étaient en danger en raison de leur activisme politique.
« Si l’arrestation est le prix à payer, je suis prêt à l’accepter », avait déclaré Oumar Sylla à un autre membre du FNDC qui a parlé à Human Rights Watch.
Aujourd’hui est le 100ème jour depuis que les forces de sécurité ont détenu arbitrairement Oumar Sylla, Mamadou Billo Bah et Mohamed Cissé, un autre membre du FNDC, et les ont transférés dans un lieu inconnu. Mohamed Cissé a été libéré le 10 juillet, mais Oumar Sylla et Mamadou Billo Bah sont toujours portés disparus. Les autorités n’ont toujours pas reconnu leur détention ni révélé le lieu où ils se trouvent, malgré les demandes répétées des avocats représentant les deux hommes. Ceci est considéré comme une disparition forcée au regard du droit international.
Le 17 juillet, le bureau du procureur de la Cour d’appel de Conakry a déclaré que Oumar Sylla et Mamadou Billo Bah n’avaient pas été arrêtés par les autorités et qu’ils n’étaient détenus dans aucune des prisons du pays, affirmant qu’ils avaient été enlevés. Les autorités ont déclaré à Human Rights Watch qu’elles ne savaient pas où se trouvaient les deux activistes politiques et qu’elles étaient à leur recherche.
Le FNDC, qui appelle à la restauration d’un régime civil depuis le coup d’État militaire de 2021, a déclaré que les forces de sécurité ont torturé Oumar Sylla et Mamadou Billo Bah, des allégations également documentées par Human Rights Watch et rapportées par le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme.
Le 22 juillet, les épouses des deux hommes ont déposé une plainte auprès d’un tribunal de Paris contre le chef de la junte guinéenne, Mamady Doumbouya, au sujet de la disparition forcée de leurs maris. Une semaine auparavant, les avocats des deux activistes avaient demandé à la Cour pénale internationale d’ouvrir une enquête sur cette affaire.
La disparition des deux membres du FNDC intervient dans un contexte de répression croissante de la junte à l’égard de l’opposition, de la dissidence et des médias indépendants.
Le 10 octobre, des experts des droits de l’homme de l’ONU et de l’UA ont exhorté les autorités guinéennes à libérer Oumar Sylla et Mamadou Billo Bah, et ont également exprimé leur inquiétude face à d’autres cas de disparitions forcées et de décès en détention.
Les disparitions forcées sont des crimes internationaux et causent de profondes souffrances aux familles, qui ne peuvent jamais vraiment faire leur deuil. Les personnes disparues de force sont détenues sans aucune protection juridique, sont fréquemment soumises à la torture et craignent constamment pour leur vie. Les autorités guinéennes devraient immédiatement localiser Oumar Sylla et Mamadou Billo Bah, les libérer si leur détention est avérée, et mener une enquête crédible sur leur « disparition », y compris concernant les allégations de torture.
Human Rights Watch