Mali: les rebelles du CSP combattent dérenavant avec dez drones
12 septembre 2024
C’est le camp de Goundam, abritant des soldats maliens et des supplétifs de Wagner, qui a été visé. Sans faire de dégâts, selon plusieurs sources locales, qui indiquent que les obus sont tombés juste à côté du camp. Mais les rebelles du CSP ont revendiqué les frappes, menées avec un drone.
Inédit ? Pas tout à fait. Les rebelles affirment en avoir fait usage pour la première fois fin juillet à Tinzaouatène, lors de leur unique mais importante victoire face aux soldats maliens et au groupe Wagner, qui avaient perdu plusieurs dizaines d’hommes et ont été contraints de rebrousser chemin.
Drones « achetés » par le CSP
D’où viennent ces drones ? Combien les rebelles en possèdent-ils ? Quel modèle précisément ? Aucun détail n’a été communiqué. Le porte-parole du CSP, Mohamed el Maouloud Ramadane, affirme uniquement qu’ils ont été « achetés », et assure qu’ils n’ont été fournis ni par l’Ukraine (« Nous avons des contacts mais ils ne nous ont donné aucun équipement ») – ni par le Jnim (Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans), lié à al-Qaïda. Les jihadistes, qui combattent également l’armée malienne dans le nord du Mali, utilisent des drones pour filmer leurs vidéos de propagande. À ce jour, le Jnim n’a revendiqué aucune attaque menée au moyen de drones.
Selon plusieurs combattants du CSP joints par RFI, les rebelles possèdent ces drones depuis déjà une dizaine de mois. « Il a fallu former les gens, fabriquer les grenades, c’est dangereux et ça prend du temps », explique l’un d’entre eux. Sur leur usage à Tinzaouatène, fin juillet, les rebelles assurent qu’il a été « déterminant », notamment « face aux blindés ». À l’époque, les rebelles du CSP n’avaient pas communiqué sur l’utilisation, inédite, de ces drones. L’armée malienne non plus, elle qui avait exceptionnellement reconnu « un nombre important de pertes en vie humaines et matérielles » (communiqué du 29 juillet.) « Pourtant, ils ont même capturé ou abattu un de nos drones », affirme un cadre du CSP.
Sollicitée par RFI au sujet des drones du CSP, l’armée malienne n’a pas donné suite.
Drones de l’armée malienne
Les Fama (Forces armées maliennes) et leurs supplétifs de Wagner utilisent eux-mêmes des drones armés. Les premiers Bayraktar TB2, de fabrication turque, acquis par l’armée malienne, avaient été réceptionnés en décembre 2022. D’autres livraisons ont suivi, toujours relayées sur les médias d’État pour illustrer la « montée en puissance » de l’armée. Ces drones se sont, de fait, révélés décisifs lors de la prise de Kidal, fief des rebelles, en novembre dernier. Les frappes avaient contraint les hommes du CSP à se replier, sans même tenter de combats au sol.
Après leur défaite à Tinzaouatène, fin juillet, les Fama et Wagner ont multiplié les frappes de drones dans la zone. L’une d’entre elles a même fait 30 victimes civiles, dont onze enfants, ce que l’armée malienne dément, assurant n’avoir « détruit » que des « cibles terroristes ».
Les Fama et Wagner utilisent les frappes de drones de manière intensive, avec succès militairement, mais d’autres exactions ou bavures ont été rapportées à plusieurs reprises. Comme à Douna, région de Douentza, en mars dernier, où une dizaine d’enfants avaient péri dans la destruction de leur école coranique, ou en janvier, lorsque des frappes sur une cérémonie de mariage puis lors d’un enterrement ont tué 14 civils à Konokassi, dans la région de Ségou.
Changer les contours de la guerre
L’utilisation de drones par les rebelles du CSP, si elle devait s’amplifier, pourrait changer les contours de la guerre que se livrent l’armée malienne, ses supplétifs de Wagner et les rebelles du CSP. Elle pourrait contribuer à rééquilibrer les forces, car jusqu’ici, ce sont l’armée malienne et Wagner qui dominent le terrain. L’utilisation de drones armés nécessitant un renseignement particulièrement fiable et un ciblage précautionneux, elle pourrait aussi augmenter le risque pour les civils, que les rebelles du CSP se sont donnés pour mission de protéger.
Au Mali, les rebelles du Cadre stratégique permanent (CSP) combattent désormais avec des drones. Ils en ont fait usage le 11 septembre 2024 contre un camp de l’armée malienne, à une centaine de kilomètres de Tombouctou. Aucune victime n’a été rapportée. Mais c’est à cette occasion que les rebelles ont révélé qu’ils possédaient des drones et que c’était la seconde fois qu’ils s’en servaient. Une nouveauté dans leur arsenal, qui pourrait modifier la forme de la guerre que se livrent l’armée malienne, ses supplétifs de Wagner et les rebelles du Nord.
C’est le camp de Goundam, abritant des soldats maliens et des supplétifs de Wagner, qui a été visé. Sans faire de dégâts, selon plusieurs sources locales, qui indiquent que les obus sont tombés juste à côté du camp. Mais les rebelles du CSP ont revendiqué les frappes, menées avec un drone.
Inédit ? Pas tout à fait. Les rebelles affirment en avoir fait usage pour la première fois fin juillet à Tinzaouatène, lors de leur unique mais importante victoire face aux soldats maliens et au groupe Wagner, qui avaient perdu plusieurs dizaines d’hommes et ont été contraints de rebrousser chemin.
Drones « achetés » par le CSP
D’où viennent ces drones ? Combien les rebelles en possèdent-ils ? Quel modèle précisément ? Aucun détail n’a été communiqué. Le porte-parole du CSP, Mohamed el Maouloud Ramadane, affirme uniquement qu’ils ont été « achetés », et assure qu’ils n’ont été fournis ni par l’Ukraine (« Nous avons des contacts mais ils ne nous ont donné aucun équipement ») – ni par le Jnim (Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans), lié à al-Qaïda. Les jihadistes, qui combattent également l’armée malienne dans le nord du Mali, utilisent des drones pour filmer leurs vidéos de propagande. À ce jour, le Jnim n’a revendiqué aucune attaque menée au moyen de drones.
Selon plusieurs combattants du CSP joints par RFI, les rebelles possèdent ces drones depuis déjà une dizaine de mois. « Il a fallu former les gens, fabriquer les grenades, c’est dangereux et ça prend du temps », explique l’un d’entre eux. Sur leur usage à Tinzaouatène, fin juillet, les rebelles assurent qu’il a été « déterminant », notamment « face aux blindés ». À l’époque, les rebelles du CSP n’avaient pas communiqué sur l’utilisation, inédite, de ces drones. L’armée malienne non plus, elle qui avait exceptionnellement reconnu « un nombre important de pertes en vie humaines et matérielles » (communiqué du 29 juillet.) « Pourtant, ils ont même capturé ou abattu un de nos drones », affirme un cadre du CSP.
Sollicitée par RFI au sujet des drones du CSP, l’armée malienne n’a pas donné suite.
Drones de l’armée malienne
Les Fama (Forces armées maliennes) et leurs supplétifs de Wagner utilisent eux-mêmes des drones armés. Les premiers Bayraktar TB2, de fabrication turque, acquis par l’armée malienne, avaient été réceptionnés en décembre 2022. D’autres livraisons ont suivi, toujours relayées sur les médias d’État pour illustrer la « montée en puissance » de l’armée. Ces drones se sont, de fait, révélés décisifs lors de la prise de Kidal, fief des rebelles, en novembre dernier. Les frappes avaient contraint les hommes du CSP à se replier, sans même tenter de combats au sol.
Après leur défaite à Tinzaouatène, fin juillet, les Fama et Wagner ont multiplié les frappes de drones dans la zone. L’une d’entre elles a même fait 30 victimes civiles, dont onze enfants, ce que l’armée malienne dément, assurant n’avoir « détruit » que des « cibles terroristes ».
À lire aussiMali: l’armée assure avoir tué des «terroristes» à Tinzaouatène, des enfants parmi les victimes
Les Fama et Wagner utilisent les frappes de drones de manière intensive, avec succès militairement, mais d’autres exactions ou bavures ont été rapportées à plusieurs reprises. Comme à Douna, région de Douentza, en mars dernier, où une dizaine d’enfants avaient péri dans la destruction de leur école coranique, ou en janvier, lorsque des frappes sur une cérémonie de mariage puis lors d’un enterrement ont tué 14 civils à Konokassi, dans la région de Ségou.
Changer les contours de la guerre
L’utilisation de drones par les rebelles du CSP, si elle devait s’amplifier, pourrait changer les contours de la guerre que se livrent l’armée malienne, ses supplétifs de Wagner et les rebelles du CSP. Elle pourrait contribuer à rééquilibrer les forces, car jusqu’ici, ce sont l’armée malienne et Wagner qui dominent le terrain. L’utilisation de drones armés nécessitant un renseignement particulièrement fiable et un ciblage précautionneux, elle pourrait aussi augmenter le risque pour les civils, que les rebelles du CSP se sont donnés pour mission de protéger.
Rfi