Durcissement de l’obtention du permis de travail au Canada: les rêves brisés des expatriés africains
8 septembre 2024
Le 28 août, le Canada a mis fin à sa politique permettant à des étrangers munis d’un visa visiteurs de demander, une fois sur le sol canadien, un permis de travail temporaire. La fin de cette politique en déçoit plus d’un car le Canada était devenu ces dernières années une des premières destinations visées par les étudiants ou les travailleurs africains souhaitant s’expatrier.
Lorsqu’elle a été prise en 2020, cette mesure avait pour but d’aider les voyageurs bloqués au Canada à cause des restrictions liées à la pandémie de Covid-19, notamment ceux dont le visa de travail était arrivé à expiration mais qui ne pouvaient pas quitter le Canada. Mais la fin de cette politique a des conséquences pour les candidats africains à l’expatriation légale vers le Canada.
Salim* digère encore avec amertume ce changement de politique. « Mon plan, mon projet d’immigration pour le Canada, s’est littéralement effondré comme un château de cartes », raconte-t-il. Chauffeur à Douala, au Cameroun, ce père de quatre enfants, âgé de 43 ans, est arrivé en avril au Canada avec un visa visiteur, se fixant six mois pour trouver un emploi. « C’était la possibilité que j’avais de m’installer, de faire venir ma famille. Le visa qui prend moins de temps à obtenir, c’est le visa touristique. Tu travailles et par la suite, tu peux l’appliquer pour demander un permis de résidence permanent », espérait-il. Mais ce plan a volé en éclats. Salim va donc devoir rentrer au Cameroun.
Des espoirs déçus et des questions, Christian Yopa en reçoit beaucoup depuis une semaine. Le fondateur de Vision Canada Immigration – présent dans dix-huit pays africains – reconnait que le programme avait permis à des hôpitaux canadiens de recruter une main d’œuvre peu qualifiée ces dernières années mais ce programme n’avait pas vocation à durer. « Dans les faits, en réalité, j’aimerais rappeler à tout le monde que pouvoir transformer un visa visiteur en visa de travail, c’était, en fait, une exception. Ce n’était pas la règle. Aucun autre pays au monde ne le fait. Il y avait déjà beaucoup de moyens de venir au Canada et cela existe toujours », explique Christian Yopa.
Sauf que les autres procédures sont plus longues et à l’issue incertaine. Toutefois, selon Christian Yopa, le Canada, qui fait face à une pénurie de travailleurs dans des secteurs comme le bâtiment, restera une terre d’immigration.
* Le nom a été modifié
rfi