Le match retour de 2020 n’aura donc pas lieu en 2024. Alors que l’on s’attendait à un nouveau duel Biden-Trump pour l’élection présidentielle de novembre, Joe Biden a annoncé qu’il renonçait finalement à se présenter et soutenait sa vice-présidente Kamala Harris. Une décision qui intervient notamment trois semaines et demi après son débat catastrophique contre Donald Trump.
Le 27 juin, un débat qui « fait pleurer »
C’est le 27 juin que tout commence à s’effondrer pour Biden. En direct sur CNN à Atlanta, le président sortant fait une heure et demi de débat calamiteux. Joe Biden chuchote, perd le fil de ses pensées, dit le contraire de ce qu’il veut exprimer. Même Donald Trump sur le plateau n’en revient pas.
Le lendemain, la presse étrille Biden, y compris celle qui l’a toujours soutenu. Morning Joe, la matinale de MSNBC que Biden regarde, lui demande de « s’interroger sur l’opportunité de se retirer ». Tom Friedman, le chroniqueur du New York Times qui présente Biden comme un ami, écrit que « le débat [l’]a fait pleurer » et que « Biden n’a rien à faire dans une nouvelle élection ».
Les électeurs démocrates, eux, sont effondrés. Comme Jim, 81 ans comme Biden, qui vit à Washington : « Ça a été une catastrophe. Ca n’aurait pas pu être pire… Je ne sais pas comment il va s’en remettre. Et je ne sais pas ce qu’il faut faire. Ils disent ‘on va trouver quelqu’un d’autre’, mais qui ? C’est très tard. Je ne pense pas qu’on ait d’autre choix que de trouver quelqu’un d’autre. Je ne le vois pas gagner. »
Et c’est toute une partie des responsables démocrates qui vole au secours du président. Comme Barack Obama qui tempère sur X : « Un mauvais débat, ça arrive ». Pourtant, personne n’est vraiment convaincu par cette mauvaise passe temporaire : le New York Times appelle alors Joe Biden à passer la main dans un éditorial historique. Réponse de l’intéressé 24 heures après, en meeting en Caroline du Nord : « Je vous donne ma parole de Biden. Je ne me représenterais pas si je ne croyais pas de tout mon cœur et de toute mon âme que je peux faire ce boulot ».
Médias, élus, donateurs et Hollywood le lâchent
Le lundi suivant, le représentant du Texas Lloyd Doggett est le premier élu à l’appeler publiquement à renoncer. Et d’autres s’interrogent tout haut, comme l’ancienne speaker de la Chambre, l’influente élue de Californie Nancy Pelosi, très proche de Biden. « Je pense qu’il est légitime de se demander s’il s’agit d’un simple épisode ou d’un état durable ». Les sondages baissent pour Biden dans plusieurs États-clés, la liste des élus qui demandent qu’il abandonne s’allonge. Il leur écrit le 8 juillet qu’il « reste en course », qu’il est « le plus qualifié pour le job », qu’il a déjà battu Trump en 2020 et qu’il le battra encore en novembre. Mais des donateurs du parti mettent leurs versements en pause et Hollywood s’invite dans le débat avec George Clooney. L’acteur écrit dans le New York Times : « J’aime Joe Biden, mais il nous faut un nouveau candidat ».
D’autres célébrités vont également finir par appeler Joe Biden à se retirer : Stephen King, Michael Douglas, Mia Farrow…
Des lapsus en série
Le sommet de l’Otan s’ouvre le même jour à Washington, Biden espère une pause, mais c’est raté. Il se tire lui-même deux balles dans le pied à quelques heures d’intervalle en conférences de presse. Il donne d’abord la parole à Volodymyr Zelensky en l’appelant « Président Poutine », avant de se reprendre, et parle ensuite du vice-président Trump… à la place de Kamala Harris.
Deux jours après, on tire sur Trump en plein meeting. Biden retrouve une stature présidentielle, appelle au calme dans une brève allocution à la nation, mais la convention républicaine à Milwaukee ne lui donne pas de répit.
C’est en convalescence du Covid dans sa maison du Delaware qu’il publie deux communiqués coup sur coup dimanche 21 juillet pour annoncer qu’il se retire « dans l’intérêt du parti et du pays », et qu’il apporte son « soutien total à Kamala Harris » pour être la candidate des démocrates le 5 novembre.