Joe Biden devant le Congrès «a veillé à ne pas parler qu’aux démocrates»
29 avril 2021– 12:04
« L’Amérique va de nouveau de l’avant ». C’est le grand message de Joe Biden mercredi soir devant le Congrès. Le président américain a vanté un gigantesque plan d’investissement visant à créer, a-t-il expliqué, « des millions d’emplois » pour les Américains qui se sentent tenus à l’écart. Analyse de ce premier discours de politique générale avec Célia Belin, docteure en sciences politiques et chercheuse à la Brookings Institution à Washington.
RFI : Traditionnellement, ce discours est très suivi par la population américaine. À qui s’est adressé Joe Biden mercredi soir ?
Célia Belin : Il a veillé à ne pas s’adresser qu’aux démocrates, à son propre camp. Il parlait à l’Américain moyen : à la mère de famille, à ceux qui ont souffert de la pandémie, du chômage. Il leur a présenté ce que son administration avait déjà fait ces 100 derniers jours pour les rassurer et leur redonner foi en l’Amérique, en son économie, sa démocratie, en sa capacité à se redresser. Pour cela, il vend au passage un certain nombre d’investissements dans la société et l’économie, dans les classes moyennes et ouvrières, pour restaurer leur foi dans la capacité du pays à rivaliser avec les autres nations, notamment la Chine.
La politique étrangère est pourtant peu évoquée ?
Joe Biden place son discours sous le concept de la rivalité systémique du 21ᵉ siècle. Qui sera la grande puissance de ce siècle ? Il soutient que non seulement les États-Unis sont devant, mais peuvent le rester. Ce message se trouve en filigrane dans tout le discours. Joe Biden évoque aussi la relance de l’action climatique. Sur la Russie, il promet aussi d’être ferme sur les intérêts des États-Unis. Mais il n’y avait pas de volonté de faire monter ces sujets de politique étrangère à des niveaux connus sous l’administration Bush ou même l’administration Obama où ils étaient beaucoup plus présents. On est vraiment ici dans le discours de la « reconstruction ».
Pour doper la compétitivité des États-Unis et régénérer sa classe moyenne, Joe Biden a mis sur la table un nouveau plan de dépenses massives d’aides à la famille et à l’éducation, qui serait financé en faisant payer aux riches « leur juste part ». C’est un programme inspiré de l’aile gauche du parti ?