Le mouvement syndical guinéen a par ailleurs apporté vendredi son « soutien sans réserve » au Syndicat des professionnels de la presse de Guinée (SPPG) après l’interdiction par la junte de six médias privés très suivis il y a une dizaine de jours.
La direction de FIM FM a lancé pour le mois de juin une campagne de collecte de fonds pour « la centaine d’employés » de cette radio « injustement et illégalement contraints au chômage depuis plus de six mois », dit le communiqué publié sur les réseaux sociaux.
FIM FM, comme d’autres radios, était brouillée depuis des mois et avait continué à opérer en produisant des contenus digitaux jusqu’au retrait de son agrément le 22 mai, en même temps que trois autres radios et deux télévisions.
Les autorités ont justifié cette interdiction par des « dérapages réguliers » et « une violation de la dignité de la personne humaine ». Le Premier ministre nommé par les militaires en février, Amadou Oury Bah, s’est livré à une nouvelle charge contre la presse lundi à l’occasion de sa déclaration de politique générale.
Lire aussi : Le pouvoir guinéen justifie l’interdiction de médias par leurs « dérapages »Il a invoqué « l’environnement fragile » dans lequel se trouve le pays selon lui. Il a dressé un parallèle avec le rôle joué par des « presses ultra-partisanes » dans le génocide rwandais en 1994 et la crise ivoirienne de 2010-2011. Selon le principal syndicat de la presse guinéenne, l’interdiction des six radios et télévisions a causé la perte de plus de 700 emplois.
« Avec cette mise sous cloche de FIM FM, c’est une centaine d’emplois qui sont purement sacrifiés par le fait du prince », a déclaré dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux Aboubacar Diallo, directeur général du groupe Fréquence médias, auquel appartient la radio FIM FM.
« C’est le lieu et le moment de reconnaître que la coupe est très amère à avaler pour le personnel de FIM FM qui se retrouve ainsi sur le carreau sans aucun moyen de subsistance« , a-t-il ajouté. « C’est la survie, voire la dignité de plusieurs pères et plusieurs mères de familles qui sont en jeu », a regretté M. Diallo.
L’interdiction des six radios et télévisions est la dernière mesure en date prise par la junte au pouvoir depuis 2021 pour museler l’opposition et les voix discordantes. L’Union européenne a dit « regretter » cette décision et rappelé que « la liberté d’expression et le pluralisme médiatique sont des principes fondamentaux de tout Etat de droit », via un message sur X de Nabila Massrali, porte-parole de la commission européenne à Bruxelles.
Pour le mouvement syndical guinéen réuni vendredi, cette mesure « porte un coup dur au droit des citoyens de s’exprimer et d’être informés, ce qui est une violation flagrante et inacceptable de la charte de la transition et des engagements internationaux auxquels la République de Guinée a librement souscrit ».
Il « exige du gouvernement la restitution pure et simple des agréments et licences aux différents médias affectés en vue d’éviter à notre pays une nouvelle crise sociale aux conséquences imprévisibles », dans une déclaration transmise à l’AFP.