La Guinée est sous le choc après la mort de 26 migrants partis de ce pays d’Afrique de l’ouest. Ils ont péri au large du Sénégal dans le naufrage de leur embarcation début mai, a rapporté vendredi 10 mai le Premier ministre guinéen Amadou Oury Bah, qui a parlé d‘ »hémorragie » migratoire. La plupart sont partis de Matam, une des communes constituant la ville de Conakry, a-t-il précisé.
Le naufrage a été rapporté auparavant sur les réseaux sociaux, mais les autorités n’en avaient jusqu’ici pas précisé le bilan. Des proches des disparus s’exprimant cette semaine auprès d’un correspondant de l’AFP ont fait remonter le départ aux derniers jours d’avril et le drame aux premiers jours de mai.
Le Premier ministre a évoqué les milliers de jeunes Guinéens qui attendent dans différents pays d’être rapatriés après avoir tenté de partir. « Nous avons aujourd’hui près de 3 000 de nos jeunes qui attendent d’être rapatriés du côté du Niger, 1 200 du côté de l’Algérie, 400 du côté de la République arabe d’Egypte, des milliers qui sont dans les camps en Italie, sans compter ceux qui sont aux Etats-Unis dont je n’ai pas le nombre. C’est une hémorragie pour notre pays », a-t-il dit, en faisant référence aux multiples voies empruntées par les migrants.
Ceux de Matam semblaient avoir choisi la route atlantique passant à l’ouest des côtes africaines et devant mener à l’Europe.
Plus de 6 600 migrants morts ou disparu en tentant de rejoindre l’Espagne
Une multitude d’Africains fuyant la pauvreté, le chômage ou l’absence de perspectives d’avenir empruntent cette route périlleuse en s’embarquant clandestinement contre de l’argent sur des pirogues ou des embarcations précaires qui peuvent transporter des dizaines de passagers. Leur principale destination est l’archipel espagnol des Canaries, porte d’entrée de l’Europe.
Le nombre de migrants ayant débarqué en 2023 aux Canaries a triplé en un an pour atteindre le chiffre record de 39 910, selon le gouvernement espagnol. Sur les plus de 6 600 migrants morts ou disparus en tentant de rejoindre l’Espagne en 2023, l’immense majorité ont péri sur la route atlantique, dit un rapport de l’ONG espagnole Caminando Fronteras.
Les causes du naufrage sont inconnues. Mais le Premier ministre s’est inscrit en faux contre des affirmations selon lesquelles les migrants avaient été victimes de violences criminelles à la suite d’une querelle avec l’équipage, et non pas d’un naufrage. Il a imputé ces affirmations à des individus qui chercheraient à provoquer une « explosion » sociale en Guinée, et estimé qu’elles auraient pu « compromettre les relations entre les deux pays frères que sont le Sénégal et la Guinée ».