Guinée: étrange série d’incendies à Conakry, la société civile déplore «l’omerta»
9 mai 2024
Les feux touchent des infrastructures majeures telles que des ministères. Les enquêtes sont en cours mais l’inquiétude des populations ouvre la voie à toutes sortes de rumeurs. Les autorités parlent de « sabotage ».
Que se passe-t-il en Guinée ? Depuis plusieurs semaines, des feux ravagent progressivement des infrastructures de part et d’autre de la capitale. Ministères, marchés, institutions d’État… Les départs de feu, heureusement sans victime mortelle, surviennent chaque semaine depuis le mois dernier et toujours sur des sites considérés comme stratégiques pour le pays. Lundi dernier, c’est le bureau même du ministre de la Culture qui brûlait. À tel point que la présidence parle « d’actions de sabotage » pour « saper les efforts entrepris » par la junte du CNRD.
Avant le ministère de la Culture, les incendies sont notamment survenus dans un dépôt d’équipement d’EDG, l’entreprise publique d’énergie, au marché Madina, poumon économique du pays, ou encore dans un parc de stationnement pour citernes.
Enquêtes en cours
Pour la protection civile, qui luttait en début de semaine contre cinq départs de feu sur une seule journée, près de la moitié (40 à 50 %) des sinistres est due à la vétusté des installations électriques. Mais dans le journal de la télévision d’État RTG, la communication de la présidence privilégie le complot : « des actions de sabotage sont orchestrées en série » prenant « pour cible des lieux sensibles ayant un impact direct sur le quotidien des populations espérant ainsi créer […] le chaos. Peine perdue. » Le procureur de la République assure que les enquêtes sont en cours pour déterminer l’origine des flammes.
Abdoul Sacko, coordonnateur national des Forces sociales, composées de syndicats et d’acteurs de la société civile, a une autre vision des choses : « La première hypothèse dit que le CNRD est dans une forme d’aveu d’impuissance de gérer le pays. Cette même opinion dit est-ce que ce n’est pas une stratégie qui consiste à détourner l’attention des populations sur l’essentiel qui consiste à un retour à l’ordre constitutionnel. Il y a de quoi s’inquiéter. Mais malheureusement, aucune action valable ne concourt à élucider ces incendies. C’est l’omerta totale », regrette-t-il.
Contacté plusieurs fois par RFI, le ministre de la Justice n’a pas répondu à nos sollicitations.
Enfin, concernant l’explosion du dépôt d’hydrocarbures en plein centre de Conakry en décembre dernier, le procureur de la République affirme à RFI que l’enquête pour expliquer les causes du drame se poursuit.
Rfi