Intervenant surprise au Forum économique mondial de Davos (Suisse), mardi 16 janvier, Volodymyr Zelensky a multiplié les mises en garde concernant la tentation de « geler » le conflit en Ukraine. Le président ukrainien a également répondu aux critiques émanant du camp républicain aux Etats-Unis, et plus particulièrement de l’ex-président Donald Trump, grand favori des primaires du parti.
« Des voix radicales chez les républicains mettent à rude épreuve la société ukrainienne », a déclaré le président ukrainien, dans un échange capté sur X par le journaliste de LCI, Darius Rochebin. Une partie croissante de la droite américaine appelle à diminuer, voire mettre un terme au soutien militaire que le pays fournit à l’Ukraine. Le nouveau paquet d’aides à Kiev (chiffré à plus de 100 milliards de dollars) voulu par le président Joe Biden est toujours bloqué, faute de consensus au Congrès américain.
« En temps de guerre, les mots peuvent tuer »
« Les slogans risqués font partie du contexte électoral (…) mais cela fait tellement mal en Ukraine », a commenté Volodymyr Zelensky, alors que les primaires républicaines viennent de débuter outre-Atlantique. « Les mots ne blessent pas toujours. Parfois, en temps de guerre, les mots peuvent tuer. »
En marge de son intervention, le leader ukrainien a été interrogé sur ce qu’il dirait à Donald Trump, si ce dernier se trouvait dans la salle. « Je suis obligé [de répondre] ? », a-t-il demandé, réfléchissant un long moment avant de reprendre la parole.
« Même si [Donald Trump] ne nous soutient pas, je lui demande d’imaginer une occupation de l’Ukraine par Vladimir Poutine pendant quelque temps, a lancé le président ukrainien. Que fera Trump si, après l’Ukraine, [Vladimir Poutine] occupe un pays de l’Otan ? ». Pour Volodymyr Zelensky, Moscou n’arrêtera pas sa politique d’invasion en Ukraine, comme le soutiennent de nombreux républicains. « Ce sont des conneries », a-t-il réagi.
En juillet, interrogé par Fox News, Donald Trump avait promis qu’il mettrait fin à la guerre en Ukraine « en un jour ». « Je dirais à Zelensky : ‘Ça suffit, tu dois conclure un marché’, avait juré l’ancien président. Et je dirais à Poutine : ‘Si tu ne conclus pas d’accord, nous allons donner beaucoup [à l’Ukraine], plus que ce que nous avons jamais donné » ». De quoi provoquer l’ire de l’Ukraine, qui refuse depuis le début de l’invasion toute négociation de cessez-le-feu, tant que la Russie ne se retire pas de son territoire.
Donald Trump accusé de lâcher l’Europe face à la Russie
Dans une conversation datant de 2020, alors qu’il était encore président des Etats-Unis, Donald Trump avait remis en cause le soutien américain à l’Union européenne, selon le commissaire européen Thierry Breton, présent lors de ces discussions, et cité par Politico. « Vous devez comprendre que si l’Europe est attaquée, nous ne viendrons jamais pour vous aider et vous soutenir », avait-il lancé à la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen.
Durant sa présidence, de 2016 à 2020, Donald Trump a aussi tenu des discours incendiaires. « L’Otan est morte, et nous partirons, nous quitterons l’Otan », avait-il par exemple annoncé en 2020 à Ursula von der Leyen, toujours selon Thierry Breton. Dans ses dernières prises de parole, le candidat républicain a de nouveau menacé de ne plus participer à l’alliance.
« Les pays européens (…) ont profité de nous sur le plan commercial, puis ils ont profité de nous sur la protection militaire », a-t-il jugé, lors d’un entretien public organisé le 11 janvier par la chaîne Fox News. Comme le montre le site de données FiveThirtyEight, selon les principaux sondeurs américains, Donald Trump a de fortes chances d’être investi candidat du Parti républicain pour la présidentielle de novembre.
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