Où en est la situation au Niger ? Dimanche 30 juillet, quatre jours après le coup d’Etat mené par le général Abdourahamane Tiani, des manifestations contre la présence de la France dans le pays ont éclaté dans la capitale Niamey. Politiquement, la situation est explosive. Militairement, également. La Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) n’exclut pas un recours à la force pour rétablir l’ordre constitutionnel au Niger. La France a affirmé de son côté qu’elle répliquerait « de manière immédiate et intraitable » si ses ressortissants étaient mis en danger.
Mohamed Bazoum est encore retenu à la présidence
Démocratiquement élu président en février 2021, Mohamed Bazoum est retenu en otage avec sa famille dans le palais présidentiel depuis mercredi. Le général Abdourahamane Tiani, ancien chef de la Garde présidentielle, a annoncé sa destitution lors d’une intervention télévisée le soir même, s’autoproclamant comme le nouvel homme fort du Niger.
Emmanuel Macron a toutefois pu s’entretenir avec lui « ces dernières heures », ainsi qu’avec son prédécesseur, Mahamadou Issoufou, a affirmé l’Elysée dimanche à la mi-journée, sans plus de précisions sur ses conditions de détention et la situation au sein du palais présidentiel.
Une manifestation antifrançaise éclate à Niamey
Quatre jours après le coup d’Etat, l’ambassade française à Niamey a été attaquée lors d’une manifestation pour demander le retrait des formes armées française du Niger, rassemblant des milliers de soutiens des militaires putschistes. Certains ont tenté d’entrer dans l’ambassade. La plaque affichant « Ambassade de France au Niger » a été arrachée et piétinée. Des slogans prorusses et hostiles à la présence de 1 500 militaires français dans le pays ont été scandés. La foule a finalement été dispersée par des grenades lacrymogènes.
L’Elysée promet d’être « intraitable »
La France, qui avait déjà annoncé suspendre « toutes ses actions d’aide au développement » à destination du Niger, a fermement réagi à l’attaque de son ambassade. « Quiconque s’attaquerait aux ressortissants, à l’armée, aux diplomates et aux emprises françaises verrait la France répliquer de manière immédiate et intraitable », a fait savoir l’Elysée.
« Le président de la République ne tolérera aucune attaque contre la France et ses intérêts. »
L’Elysée
dans un communiqué
Entre 500 et 600 ressortissants français se trouvent actuellement au Niger, selon Catherine Colonna, la ministre des Affaires étrangères, invitée de RTL. « Nous sommes extrêmement vigilants. La France comme toujours protège ses ressortissants. Ils ont tous été contactés, a-t-elle déclaré. Il n’y a pas de décision d’évacuation au moment où je vous parle. »
La Cédéao lance un ultimatum
Réunis dimanche à Abuja (Nigeria), les dirigeants de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) ont fixé un ultimatum aux putschistes, demandant « la libération immédiate » du président Bazoum et le « retour complet à l’ordre constitutionnel en République du Niger ». Si ces demandes ne « sont pas satisfaites dans un délai d’une semaine », la Cédéao « prendra toutes les mesures nécessaires » et « ces mesures peuvent inclure l’usage de la force », a prévenu l’organisation. La Cédéao a également décidé de « suspendre toutes les transactions commerciales et financières » entre ses Etats membres et le Niger.
Le Tchad tente une médiation
Le président du Tchad, Mahamat Idriss Déby Itno, puissance militaire voisine du Niger, a été convié et a participé au sommet de la Cédéo, dont son pays n’est pas membre. Il s’est dans la foulée rendu à Niamey pour mener une médiation. Le gouvernement tchadien a précisé que le président se rendait sur place pour « voir ce qu’il peut apporter au règlement de la crise » au Niger, précisant que ce déplacement était une « initiative tchadienne ».
L’ex-président appelle « au calme »
Le prédécesseur de Mohamed Bazoum, Mahamadou Issoufou, est sorti de son silence dimanche, sur Twitter, pour « appeler au calme » et assurer qu’il s’employait à négocier une sortie de crise « permettant notamment de libérer le Président Mohamed Bazoum et de le restaurer dans ses fonctions ». A la tête du Niger pendant dix ans, entre 2011 et 2021, Mahamadou Issoufou a également appelé à « tout mettre en œuvre pour protéger les personnes et les biens non seulement s’agissant des Nigériens, mais aussi des ressortissants étrangers » vivant dans le pays.
Mais l’ancien président est lui aussi dans une mauvaise posture. Depuis le coup d’Etat, « il vit quasiment reclus chez lui », rapporte Jeune Afrique. Selon les informations du magazine, Mahamadou Issoufou « a bien tenté de raisonner le général Abdourahmane Tiani », qu’il avait nommé à la tête de la Garde présidentielle. Il l’a pour cela rencontré « à trois reprises, sans succès ».