Deguérpissement : les occupants de la Cité des ingénieurs sommés de libérer les lieux
11 juillet 2023
Conakry : Spectacle de désolation ce matin de Mardi à la Cité des ingénieurs à Coleah Lanséboundji dans la commune de Matam . Çà et là , les occupants s’affairent à emporter ceux qu’ils peuvent. Des agents de la patrimoine bâti accompagnés des gendarmes ne leur donnent que quelques heures pour libérer les maisons. Les occupants sont pour la plupart des retraités du ministère de l’Habitat. Certains ont occupé les lieux depuis quarante ans. Certains affirment qu’ils n’ont pas là ou rentrer. Votre quotidien a recueilli les sentiments de ces retraités
Elhadj Koureissy Thiam occupe la maison depuis quarante ans
《 Je suis ingénieur de bâtiment. J’ai servi rien qu’à Conakry au ministère de l’habitat de l’urbanisme. J’ai occupé pratiquement tous les postes du ministère. J’ai été chef des sections, Chef de division, inspecteur générale et conseiller technique. Quand J’ai appris la nouvelle qu’on devait sortir , Je me suis dit que la nature est injuste. Je ne sais pas comment après ma retraite de 30 ans de service à l’habitat, qu’on me sorte de la maison que j’ai reconstruite pour loger ma famille et moi-même, je ne le pardonne pas. Je dis aux autorités de réfléchir, de voir , un vieux de 85 ans, on sort de sa maison pendant la saison de pluie sans préavis, réfléchissez si c’est louable où si c’est pas louable. Moi j’ai servi pendant les trente ans effectivement au ministère de l’habitat mais je n’ai pas fait comme beaucoup le font. Je n’ai pas volé des parcelles, je n’ai pas triandé, je n’ai rien et je suis sorti de la tête haute par ce que je ne dois rien à qui que ce soit. On me disait que c’était le dimanche passé mais les responsables encore du patrimoine bâti sont venus me dire qu’il faut attendre trois mois, le 30 septembre, on va vider encore. J’espérai récupèrer cette maison là où j’ai vécu où j’ai eu mes quatres enfants》a confié Elhadj Thiam
Madame Thiam Dicko Ann , enseignante
《 Ça m’a choqué. Quand ils sont venus nous tendre un papier pour nous dire de libérer dans 30 jours sans préavis sans avertissement. On a accepté, le lendemain on a commencé à emballer mais on n’avait pas là où aller. On n’a même pas là où aller par ce que mon mari est un ingénieur de bâtiment. Il n’a pas construit . Quand il a pris sa retraite je dis oh papa c’est comment , il m’a dit je marche la tête haute. J’étais étonné. Moi, je me suis battu. On s’est débrouillé pour avoir une maison. Mais quand je l’ai dit de déménager , il me dit qu’il ne déménage pas . Donc j’ai mis la maison en location. Et là on ne peut pas les déloger sans préavis , sans avertissement. C’est des jeunes, des débutants. Quand même j’ai emballé tout . Le jeudi ils sont venus encore me dire de sortir immédiatement alors que qu’ils avaient dit qu’on pouvait rester jusqu’au 30 septembre d’après la note circulaire. La nuit j’ai pas dormi. Le matin très tôt les gens sont venus me dire » vous êtes toujours là ? » . Je leur ai répondu que je suis en train d’emballer. Ils m’ont dit qu’ils sont venus constater si c’est libéré. Je n’ai pas là où aller . J’avais peur qu’ils viennent démolir ou voler ce qu’on a cherché pendant 50 ans. C’est une leçon pour tout le monde 》 a relaté Madame Thiam.
Les bulldozers du patrimoine bâti peuvent surgir à tout moment dans ce quartier. Il s’agit de plusieurs maisons qui sont concernées.
Sory Binta Bah