Maître Ciré Clédor Ly ouvre son cœur à Guinee3 et au vérificateur

Maître Ciré Clédor Ly ouvre son cœur à Guinee3 et au vérificateur

23 juin 2023 Non Par LA RÉDACTION

L’avocat au Barreau du Sénégal était en Guinée cette semaine. Maître Clédor Ly  défend l’ancien ministre de la Défense,  Dr Mohamed Diané en prison.  Dans cette interview accordée aux Rédactions du Guinee3.net et au vérificateur.net , le célèbre avocat nous a expliqué l’évolution du dossier de Dr Diané mais aussi l’affaire de l’opposant Sénégalais Ousmane Sonko.  Maître Clédor Ly et d’autres confrères Sénégalais ont défendu Ousmane Sonko.

Bonjour Me Ciré Cledor Ly,  dans quel cadre vous êtes en Guinée ?

Maitre Clédor Ly :Dans le cadre de la procédure qui concerne Dr Mohamed Diané [ ancien ministre de la défense]  poursuivi par la Cours de la  Repression des Infractions Économiques et Financières ( CRIEF).

Le dossier stagne pour une  simple raison. Nous avons soulevé des exceptions d’inconstitutionnalité d’une part et d’inconventionnalité c’est à dire du non conformité du droit international alors qu’il est intégré dans le code juridique Guinéen et il n’est pas toujours transmis à la cour suprême.

Ça veut dire quoi ? 

Maitre Clédor Ly : La cour suprême a reçu comme attribution de compétence de la cour constitutionnelle . La cour suprême avec les règles de procédure du conseil constitutionnel qui ne sont pas  abrogé et toujours en vigueur à l’obligation de statuer dans les quinze jours. Nous constatons que la cour,  à ce jour n’ a pas transmis le dossier.

Pourquoi

Maître Ciré Clédor Ly : En tout état de cause , la cour suprême a reçu la requête et tous les éléments du dossier, si la cour suprême ne transmet pas , le conseil constitutionnel pourrait réclamer le dossier ou en tout cas vu les éléments qu’il a , c’est des points de droit.

Ce n’est pas de la littérature, les problèmes des faits ne l’intéresse pas. Est-ce que les règles de droit mises en œuvre sont conformes à la constitution où à la charte? C’est tout ce qui l’intéresse , hors tout est exposé. C’est des questions de loi. Ils n’ont pas besoin du dossier de la CRIEF.

Au cas où votre requête ne soit pas entendue par les juridictions nationales, allez-vous saisir les juridictions internationales ? 

Maître Cire Clédor Ly : Les juridictions internationales sont déjà saisies sur la question de la détention arbitraire et la cour de justice de la CEDEAO rendra sa décision le 13 juillet. Maintenant ce qui est de la compétence des juridictions nationales,  ne peuvent être amené devant les juridictions internationales que lorsque dans la mise en œuvre de la règle de droit il y eu des violations des droits de l’Homme. Il faut pouvoir faire la part des choses.

Parlons de l’affaire Sonko . Vous êtes un de ses avocats, est-ce que vous êtes déçus du verdict condamnant votre client ?

Maitre Clédor Ly :Vous savez , c’est une parodie de justice , par ce que on n’a pas besoin de faire le droit pour savoir qu’on ne peut pas être condamné pour une infraction pour laquelle qu’on ne vous a jamais notifiée. Une infraction pour laquelle on ne vous a jamais entendu. Une infraction pour laquelle vous n’êtes pas renvoyés. Une infraction qui ne défend pas , qui ne protège pas les mêmes valeurs sociales que l’infraction pour laquelle vous êtes poursuivis . Il est clair que tout le monde est d’accord que la justice Sénégalaise est d’une part instrumentalisée à des fins politiques et que l’objectif politique visé, c’est d’obtenir la privation des droits civiques . C’est la raison pour laquelle la contumace a été prononcée alors que le juge a rendu une décision délictuelle .

Tout cela a un objectif mais il faut être un fin juriste pour comprendre la manœuvre judiciaire, qui en réalité est d’exécuter et de réussir une commande politique.

Pour vous Hadji Sarr était elle avec le pouvoir Sénégalais dans cette affaire ?

Maître  Clédor Ly : voulez une preuve objective ?Lorsque Ousmane Sonko, mon client, a donc été reconnu non coupable de viol , et non coupable de menace de mort, les seules infractions pour lesquelles il était poursuivi et qu’on lui a alloué en tordant le coup à la loi, la somme de 20 millions, elle( Hadji Sarr) s’est effondrée en larmes.

Parce qu’elle venait de se réveiller. Elle était déçue de l’utilisation qu’on avait faite  d’elle . C’était en réalité un instrument du pouvoir qui l’a utilisé pour des objectifs politiques. Elle venait de se réveiller plus tard.

Qu’est ce que vous comptez faire pour l’affaire de Ousmane Sonko ?

Maitre Cire Clédor Ly : Les règles de droit sont là. Maintenant il appartient au pouvoir de prendre ses responsabilités en abandonnant définitivement cette affaire et en laissant effectivement comme le droit interne et le droit international le lui permet , de  participer à toute égalité et dans les règles égales de compétition au suffrages universels de 2024 pour le choix du président de la République.

Cette infraction qu’on appelle « corrompre la jeunesse »,  existe -t-elle ? 

Maitre Clédor Ly :Il y a un article qui parle de favoriser, d’inciter une mineure à la débauche où la corruption de la jeunesse. Ces dispositions parlent de  »habituellement  », donc il faudrait que ça soit une pratique constante, une pratique dont on amène des éléments de répétition et aussi à la  jeunesse ce n’est pas une personne avec ses deux oreilles . La jeunesse c’est tout un ensemble, c’est plusieurs personnes. La corruption de la jeunesse de moins de 21 ans , en fait , c’est les enfants qui sont en danger . Les valeurs défendues, protégées ne sont pas les mêmes. La première valeur, la menace de mort , la deuxième qui est le viole n’a rien à avoir avec la troisième valeur qui est la corruption de la jeunesse. C’est assez profond.

Mais aussi pour parvenir de l’un à l’autre , il y a les règles de procédure qui ne peuvent pas être utilisées comme ça. Si en fait , vous pensez que vous êtes dans la même valeur sociale à défendre et que la peine que cela peut tomber sur le coût d’une peine moindre, là vous pouvez être disqualifié mais après avoir entendu au moins la personne sur ces faits.

Cela n’a pas été fait. La corruption de la jeunesse n’est rien d’autre qu’une perversion de la loi. La loi a été pervertie pour parvenir à exécuter une commande politique.

À qui peut on attribuer la responsabilité  de ces dégâts matériels et humains enregistrés au Sénégal ? 

Maitre Clédor Ly : La responsabilité première , c’est l’Etat. L’État qui veut fosser le jeu démocratique. L’État qui viole les droits et libertés. L’État qui est en train d’opérer à des détentions arbitraires et à des traitements inhumains et dégradants. Voilà la cause principale de ce qui est arrivé.

Maintenant, à qui ces faits peuvent être imputés ? D’abord quand il y a un mouvement de foule, tout le monde s’emmêle. Il y a des brigands qui sont dans les forêts et qui profitent de ce mouvement. Ils n’ont plus besoin de dormir la journée et d’opérer la nuit . Ils se mêlent à la foule, ils essayent de voler et de s’attaquer aux biens des personnes.

Il y aussi les Nervis. Quand on est Nervis c’est à dire qu’on a aucune moralité. Un Nervis , c’est toujours mener des actions qu’on pourrait mettre sur le dos des autres. Cela peut être le fait des Nervis et j’ai été choqué de trouver des forces occultes qu’on retrouve dans leur propre rang à côté des gendarmes. C’est trop de facile de dire  »voilà les étudiants ont brûlé » mais on a pas encore rapporté des preuves de ce qu’un seul étudiant ait participé à cela . C’est toujours dans l’escalade et la provocation de l’État qui essaye de mettre toutes les fautes sur le dos de ceux qui combattent pour la liberté , pour la démocratie et pour l’état de droit. Il faut chercher le coupable du côté de l’État.

 

Albert Bourgi a parlé d’un complot contre le Sénégal… 

Maître Clédor Ly : Ne me parlez pas de Bourgi. Bourgi est toujours du côté de l’impérialisme,  du côté des compradors et il a été toujours au service de ceux qui oppriment l’Afrique.

Beaucoup de constitutionnalistes estiment que Marky Sall peut se représenter s’il le souhaite. Qu’en dites-vous ? 

Maître Clédor Ly : Ce que je pense aujourd’hui, c’est que le président Macky Sall lui-même a dit que l’esprit qu’il avait de la loi , ce qu’il ne pouvait pas faire plus de deux mandats . Et deuxièmement que lui même après son mandat de 7 ans , il lui restait qu’un seul mandat.

Je crois qu’au delà des spéculations, au-delà des avis des uns et des autres sur ce qu’ils pensent de la loi , c’est qu’un président , il prête serment et lorsqu’il ne respecte pas son serment et sa parole, c’est du parjure.

 

À partir de ce moment déterminé, je crois que c’est lui-même qui donne le motif non seulement de son départ mais encore c’est la volonté du peuple. On ne peut pas reconnaître que la population Sénégalaise a 70% jeunes et que ces 70 % demandent que vous partiez même si vous avez un bilan honorable. Laissez le tablier et partez et si vous insistez à partir de ce moment déterminé , c’est parce que vous même vous n’avez pas de parole et vous même vous ne respectez pas l’esprit que vous donniez à la loi et par voie de conséquence , vous êtes responsable de tout ce qui pourrait arriver et surtout la destruction de l’état de droit. Le reniement de la démocratie et des violences exercées sur les avocats auxquels on empêche le droit d’exercer leur profession.

La privation du droit d’un citoyen, Ousmane Sonko d’avoir accès à un avocat , aux conseils d’un avocat et aussi des enlèvements , des séquestrations . Des morts à ne pas en finir. Tout cela , c’est seul l’Etat qui et ceux qui peuvent mettre fin et qui maintiennent cette situation où d’une façon où d’une autre par des déclarations ou par des actes concrets de recrutement massif des gendarmes et des policiers ne peuvent être que ce qu’on pourrait pointer du doigt pour les présumés responsables jusqu’à preuve du contraire .

Quel est l’état d’esprit de Sonko aujourd’hui ? 

Maître Clédor Ly :Son état d’esprit n’a pas changé. C’est un Patriote qui est prêt jusqu’au sacrifice, qui défend des valeurs, qui a un idéal pour le Sénégal et pour l’Afrique. Donc , tout cela ne l’intimide pas. Il est prêt à toutes les situations mais il appartient au peuple Sénégalais de régler les différends si les autorités ne veulent pas le faire.

Interview réalisée par Abdourahmane Diallo et Minkhael Barry