Une catastrophe écologique et humaine. La destruction partielle du barrage de Kakhovka, mardi 6 juin, a entraîné une inondation sans précédent en Ukraine. Les flots ont déjà englouti les rives de plusieurs des 80 localités situées dans la zone à risque. Le niveau du réservoir de Kakhovka baisse rapidement, de l’ordre de 5 cm par heure. Alors les autorités ukrainiennes mènent tambour battant des évacuations de la population sur la rive occidentale.
Au total, 16 000 personnes doivent être rapidement mises en sécurité, selon le Premier ministre ukrainien Denys Chmyhal. Moscou a de son côté estimé que « plus de 22 000 personnes » étaient concernées dans 14 localités, mais que « la situation est entièrement sous contrôle ». Des évacuations sont menées sur les deux rives du fleuve, tandis que l’eau a commencé à submerger des habitations. La zone potentiellement inondable est marquée en gris sur la carte suivante.
Cet événement sans précédent relance les interrogations autour de la centrale nucléaire de Zaporijjia, située à Enerhodar, car celle-ci pompe son eau dans le réservoir pour assurer son refroidissement. Le niveau était encore de 16,6 m mardi matin, mais l’opération deviendra impossible en-dessous de 12,7 m, précise l’Agence international de l’énergie atomique (AIEA). Cette dernière considère toutefois qu’il n’existe pas de risque dans l’immédiat. Comme l’a rappelé Petro Kotin, le président de la compagnie Energoatom, la centrale dispose de son propre bassin de refroidissement, séparé du réservoir et maintenu plus en hauteur. Les réacteurs étant à l’arrêt depuis longtemps, « le bassin suffira à l’alimentation en eau pendant des mois ».
Inquiétudes pour l’eau potable
La destruction du barrage, par ailleurs, fait planer une menace sur l’approvisionnement en eau. Le Conseil de défense et de sécurité nationale d’Ukraine a ordonné la distribution d’eau potable dans la région, pour toutes les villes et villages alimentées par le réservoir de Kakhovka. Elle devrait également entraîner d’importantes difficultés pour l’approvisionnement en eau de la Crimée, via le canal de la Crimée du nord, que Kiev assure vouloir reconquérir.
Enfin, sur le plan environnemental, au moins 150 tonnes d’huile moteur ont été déversées dans le Dnipro, annonce la présidence ukrainienne (en ukrainien), et plus de 300 tonnes pourraient encore s’écouler dans le cours d’eau. Le parquet régional de Kherson a ouvert une enquête préliminaire pour « écocide » et « violation des lois et coutumes de la guerre ». « Des écosystèmes entiers sont confrontés à des dégâts à long-terme et irréversibles à cause des inondations », a dénoncé Dmytro Kuleba, le ministre des Affaires étrangères ukrainien.
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