Situation confuse à la frontière. Le gouverneur de la région russe de Belgorod, Vyacheslav Gladkov, a annoncé qu’un « groupe de sabotage et de reconnaissance des forces armées ukrainiennes [était] entré sur le territoire du district de Graïvoron », voisin de l’Ukraine. Les forces russes « prennent les mesures nécessaires pour éliminer l’ennemi », a-t-il ajouté, lundi 22 mai, sans livrer de détails supplémentaires sur le nombre et le profil de ces combattants entrés en Russie.
Un peu plus tôt, un groupe nommé « légion Liberté pour la Russie » avait annoncé la libération complète du village de Kozinka, situé sur la frontière, et ajouté que des « détachements avancés » étaient entrés dans le village de Graïvoron, deux kilomètres plus loin. Dans la matinée, ce groupe d’opposition russe, créé au printemps 2022, avait déjà lancé un appel pour annoncer son « retour à la maison », afin de « mettre fin à la dictature du Kremlin ». Un homme s’exprimait face à la caméra, une arme à la main, en demandant aux habitants des régions frontalières de rester chez eux, de ne pas résister et de ne pas avoir peur.
Interrogé par l’AFP en janvier, ce porte-parole, nommé « Caesar », se décrivait alors comme un « nationaliste de droite ». Le groupe, sur son site, se présente comme une unité de Russes officiellement reconnue par les forces armées ukrainiennes. Il reprend le drapeau bleu et blanc, de l’opposition, en lieu et place du drapeau officiel tricolore russe. Ces hommes ont notamment été déployés à Bakhmout, mais personne ne sait exactement combien d’hommes la composent.
La « légion Liberté pour la Russie » a revendiqué son incursion au côté d’un autre groupe, nommé « Corps des volontaires russes » (RDK). Ce dernier, dans la matinée, avait diffusé des images de trois missions d’infiltration supposées, dont une dans un village de la région. Des images de véhicules blindés, tournées prétendument à la frontière russe, sont également apparues sur les réseaux sociaux, mais il est impossible d’en établir l’authenticité à ce stade.
Le Kremlin tenu informé de cette incursion
La légion « Liberté pour la Russie » et le « Corps des volontaires russes » mènent une opération sur le territoire de la région russe de Belgorod afin de créer un « cordon de sécurité » et de protéger les civils ukrainiens, a déclaré Andriï Yousov, porte-parole du renseignement militaire ukrainien, dans un commentaire au média Suspilne (en ukrainien). Aucun combattant ukrainien ne participe à la mission, précise-t-il. « L’Ukraine suit avec intérêt les événements dans la région de Belgorod en Russie et étudie la situation, mais elle n’a rien à voir avec cela », a assuré sur Twitter Mykhaïlo Podoliak, conseiller à la présidence ukrainienne.
Côté russe, l’évolution de la situation est suivie de très près. Vladimir Poutine a notamment été informé de l’incursion d’un « groupe de sabotage » dans la région de Belgorod, a commenté Dmitri Peskov, porte-parole du Kremlin. Avant de minimiser cette incursion, dont le but, selon lui, « est de détourner l’attention d’Artemovsk [nom russe de Bakhmout]« et « de minimiser sa perte par la partie ukrainienne ».