Jamais depuis l’indépendance du Sénégal, sinon peut-être lors du procès, en 1963, de l’ancien Premier ministre Mamadou Dia pour une tentative de coup d’État imaginaire, le procès d’un responsable politique n’aura revêtu un tel enjeu.
Figure montante de la scène politique sénégalaise, l’opposant Ousmane Sonko, 48 ans, doit comparaître à partir du 16 mai devant la chambre criminelle du tribunal régional hors classe de Dakar. Accusé de viols sous la menace d’une arme par la jeune Adji Sarr, qui officiait dans un salon de massage qu’il fréquentait alors, le président des Patriotes africains du Sénégal pour l’éthique, le travail et la fraternité (Pastef) risque jusqu’à dix années d’emprisonnement.
La thèse du complot
Dénonçant depuis le premier jour, sans toutefois l’avoir démontré, un complot politique fomenté au sommet de l’État, Ousmane Sonko a d’ores et déjà galvanisé ses troupes en prévision d’une éventuelle condamnation. Un scénario qui l’empêcherait mécaniquement d’être candidat à la présidentielle de février 2024, alors qu’il est déjà menacé d’inéligibilité par une première condamnation pour diffamation et injure publiques prononcée le 8 mai.
Jeune Afrique revient longuement sur les péripéties de cette affaire politico-judiciaire qui pourrait ébranler le pays.